Accueil » Les dossiers du CO » Etude n° 4 – La Loge dans tous ses états

Etude n° 4 – La Loge dans tous ses états

Thème : Un regard sur la Franc-Maçonnerie à travers les usages 

CO

      La Loge dans tous ses états 

Auteur :  Exposé présenté par le Comité de Rédaction

Mis en ligne en juillet 2014

La LOGE

La Loge, Les Loges. De la Loge d’Apprenti au Maître de Loge, de la Respectable Loge à la Grande Loge,  les Travaux en Loge, etc.,  le mot ‘’Loge’’ est employé en de multiples occasions, et dans chaque cas il prend une signification bien spécifique.

Qu’entendons-nous par le mot Loge ?

Généralement, la réponse nous est fournie par les Rituels en bien des Rites, dont tous donnent une définition commune résumée comme suit : c’est le lieu secret connu des Maçons réunis en assemblée durant le temps nécessaire à l’accomplissement de leurs Travaux. Cette traduction se trouve confirmée, à chaque séance de travail, par la déclaration d’ouverture et celle de fermeture de la Loge.

Sans pénétrer les secrets de la Loge (une autre expression qui fait d’ailleurs l’objet d’un Travail spécifique présenté dans notre volet  »Morceau de textes choisis »), le mot Loge correspond à l’abri, au local, au corps de bâtiment où se regroupent les Maçons, dans un ensemble intégrant plusieurs endroits distincts dont la distribution, depuis les parvis (indifféremment au singulier ou au pluriel), nous conduit jusqu’en diverses Chambres, y compris la salle humide réservée aux Banquets. Toutes ces pièces aux accès strictement empruntés par les Initiés, selon leur Grade et Qualité, composent l’architecture de la Loge. Elles sont bien localisées dans l’enceinte du lieu consacré aux diverses interventions de celles de l’accueil jusqu’aux instances particulières qui dirigent les Travaux. Toutefois, l’espace sacralisé à proprement parlé est dénommé ‘’Temple’’.

Autre précision commune à tous les Rites, le lieu géographique où est située la Loge, donc le Temple, est désigné comme la place connue des seuls Initiés, propice à leur garantir toutes les conditions de sécurité et de sûreté, ainsi que leur permettant de se prémunir contre toute intrusion durant les Travaux. A l’abri des curieux et des profanes, membres de la Loge et invités sont conviés par un avis comprenant un ordre du jour à se rendre dans un emplacement bien précis dénommé ‘’Orient’’. C’est ainsi que le lieu-dit (bourg, ville) où siègent les participants aux réunions est stipulé ‘’A l’Orient de …’’. Que ce soit celui accoutumé et déterminé de façon régulière et récurrente ou celui décidé exceptionnellement en un autre Orient choisi, pour mieux répondre à l’objet et à la forme de la convocation qui sortent du cadre ordinaire, les Maçons se réunissent en assemblée qui a pour nom ‘’Tenue’’.

Le rassemblement des Initiés (dit aussi Chaine fraternelle) confère au mot ‘’Loge’’ une dimension immatérielle et corporelle, en ce sens que la Loge prend une consistance humaine voire sociétale, tel un corpus humain ou microcosme.

On entend par ‘’Loge’’ l’ensemble des Initiés qui participent à un mouvement communautaire et qui forment une association appelée à œuvrer au sein d’un collectif de travail ou de recherche, sur lequel vient se greffer une nuance chère aux Maçons, celle de l’Egrégore. Dans un contexte purement public, nous entendons fréquemment l’emploi de Loge au pluriel ‘’Les Loges’’ à concurrence d’autres appellations telles que : ‘’Les Frères, les Frères trois points, les Francs-Maçons, Les questions à l’étude des Loges, …’’, expressions employées de plus en plus par de nombreux profanes qui côtoient notre vocabulaire maçonnique, bien relayé par les médias (!), mais dont ils ignorent totalement la couverture que nous donnons à tous ces mots.

Ces lignes nous fournissent l’occasion d’éclairer sans masque et sans mystère ces citations publiques. En première lecture, rien n’est plus simple que de lever le voile de l’épicentre initiatique où les Maçons, familiarisés à la signification réelle de leurs termes et expressions, usent de l’emploi de vocables bien identifiés aux interprétations multiples, sans répétitions ou valeurs de synonymes parce que tous ces mots sont issus de connotations aux origines les plus anciennes reprises par la Franc-Maçonnerie. Cette adoption d’un vocabulaire à plusieurs sens se trouve confirmée dans les Rituels de nombreux Rites maçonniques de l’Ecossais au Français, qu’ils soient anglo-saxons et germaniques, voire égyptiens.

La Loge nous renvoie à la notion de logement propre à une activité

Sans écarter la racine du mot loge, du francique – laubja–, sa vocation première prend forme dans un bâtiment sommaire réservé à une activité qui a trouvé, en milieu rural, refuge dans une cabane ou une hutte conçue à l’effet de point de rencontre de tous les membres d’un corps de métier, à l’exemple des charbonniers et des forestiers. Par la suite, cet usage s’est répandu en milieu urbain au sein d’un local situé en barrière ou au pied d’une construction à destination d’habitation collective, lequel a pris nom de Conciergerie pour faire place ensuite à la loge du gardien des lieux. De même que la loge arrivera jusqu’au Vatican, d’où le pape donne sa bénédiction et la loge pontificale verra ses abords s’étendre en une galerie ornée des œuvres de Raphaël. Celle-ci nous fournira un nouveau vocable d’origine italienne : loggia, qui prend des allures marchandes en terre provençale et catalane. Depuis, la loge a fréquenté les lieux de tous les arts jusqu’aux écuries.

Dès le XVIe siècle elle est en pleine activité dans le milieu du théâtre, du concert, des spectacles, notamment dans les étages de ces lieux prestigieux qui ont vu naître l’expression ‘’être aux premières loges’’.

Enfin, pour parfaire la pluralité du mot, il convient de se référer à son étymologie –Lodgia– qui est double.

En première analyse, proche de la cabane ci-avant relevée, elle prend naissance dans une construction rudimentaire composée de branchages et de feuillages destinée à ranger des outils, à permettre aux ouvriers d’anticiper leurs travaux d’équarrissage, de taille de la pierre, dresser leurs plans, plus généralement les travaux des maçons.

En seconde acception, qui revêt un caractère purement corporatif, ‘’la loge revendique’’ toute son utilité et se veut rendre un effet bénéfique à ses seuls membres. Pour démontrer un tel mérite, elle s’empare d’un enclos fermé et privé pour les servir et protéger leurs secrets de fabrication. Ainsi, Apprentis, Compagnons et LE Maître, en milieu rural, trouvent appui au sein d’une loge réservée à un cercle restreint aux membres d’une même corporation de métier. C’est alors que nait la loge, à ses débuts sans siège fixe, adoptée par les Maçons opératifs qui se concertaient à proximité de leur centre d’activité. Ce faisant, tous conviennent dans leurs échanges de sa nécessité in situ et la loge sera abandonnée à l’achèvement de l’ouvrage. On assiste aux premières Loges itinérantes qui suivront les ouvriers dans leur déplacement au gré des chantiers.

Dans le même temps, la mobilité des loges des corporations de métier est reprise par les Officiers des loges régimentaires qui prennent le nom de leur Colonel. On parle des Loges militaires qui suivent le régiment sur les lieux de leur garnison.

Et qu’en est-il des Loges qui abritent les Francs-Maçons spéculatifs ?

A ses débuts, en milieu urbain, la loge trouve asile dans les tavernes, les coffee-house, les pubs anglais et écossais, leurs membres n’ayant pas fait élection de domicile en un local qui leur soit strictement réservé ou dédié. Ces Loges prennent d’ailleurs le nom de l’auberge qui les accueille le temps de leur réunion.

Revenir à l’objet de la Loge nous renvoie à sa vocation initiale et son enveloppe qui recouvrent cette question : pourquoi ce lieu est-il dit secret ? Parce que c’est un espace calme, serein et préservé du tumulte et de toute affluence extérieure dont l’entrée est purement et simplement interdite à tout intervenant ou intrus qui n’a aucun droit de pénétration et de regard sur son enceinte. Ainsi, la Loge qui héberge un environnement de travail est retirée du monde profane puisqu’elle n’est connue que des seuls Initiés, membres de ladite Loge et de ses invités.

Un lieu secret qui couvre des travaux ?

En d’autres termes, c’est un atelier qui, non seulement protège, mais cache un cadre de travail dans lequel tous les acteurs à l’acte de construire sont des initiés qui se réunissent pour œuvrer ensemble à la réalisation d’études d’un art, d’une science ou philosophie, d’une certaine technique. Ces initiés sont des Frères et Sœurs qui constituent le noyau de la Loge auxquels ne peuvent s’associer les non initiés ou profanes, du latin  profanus  -hors du Temple-. Et, nous venons de citer un autre mot jusqu’à présent non employé, celui d’Atelier très utilisé par un grand nombre d’Obédiences.

Formellement identifiée ou classée « lieu secret », la Loge s’apparente au « Temple », appellation confirmée par la position des profanes hors de celui-ci dans lequel n’est tolérée aucune action de profanation qui conduit au mépris, à l’irrespect des hommes, des biens et des lieux, à la dégradation, l’avilissement, la souillure, et plus généralement à tout ce qui est destructeur des lois de la Bienveillance et de la Bienfaisance.

Selon Emile Littré, en son dictionnaire, la Loge maçonnique définit le lieu où se réunissent les Maçons et a fini par désigner le groupe même des Francs-maçons d’aujourd’hui.

Dès lors, nous pouvons affirmer que les Francs-Maçons qui composent la Loge se sont constitués et structurés en un cercle fermé formant une famille de Frères (et pour certaines Loges de Frères et de Sœurs) qui ont trouvé leur assise au sein d’une entité dont le titre distinctif commence par  »Loge », laquelle est placée sous les auspices ou le patronage d’une Grande Loge qui lui procure lois et règlements, légitimité et audience.

Un collectif … ?

Par référence aux Constitutions d’Anderson qui font usage des mots « Société de Maçons », et si, le mot « Loge », retenu par nos anciens et nos prédécesseurs, trouvait une justification dans le rassemblement d’acteurs et d’experts par corps de métier spécialisés dans tout ce qui concoure à l’art de bâtir, aujourd’hui ce mot est tout autant assimilé à un RE-groupement d’êtres humains, ainsi que nous l’avons dit en introduction. Ceux-ci ne sont autres que nos Maçons  – Apprentis, Compagnons et Maîtres –  qui s’attachent à une forme de pensée immatérielle, philosophique, spirituelle, symbolique, et culturelle. Cette antériorité du mot « Loge » garde cependant sa valeur originelle dans la désignation du lieu dédié aux réunions des ouvriers nécessaire aux conditions de réalisation des plans et études menés par les Confréries médiévales, qui allaient jeter les bases de la Maçonnerie Opérative.

Reprise par la Maçonnerie dite moderne, la Loge devient le foyer d’activité des Maçons spéculatifs. Au même titre que celui d’un hospice, la loge a un effet fédérateur et dans sa majesté elle se voit parée de nouveaux atours qui lui donnent l’empreinte d’un lieu sacralisé et solennel. Par ses décors et son apparat, la Loge est convertie en un Temple, lequel se substitue à l’enclos désuet où se tiennent désormais les réunions de travail, dites Tenues. Cette configuration inspira une nouvelle vocation à la Loge, celle spécifique à la référence biblique du Temple de Salomon, mythe fondateur et essentiel de la Franc-Maçonnerie.

C’est pourquoi nous affirmons que les Francs-Maçons se retirent dans une Loge, un Atelier, un Temple, qui forment le lieu unique et exclusif de leur communauté de travail. Quelles que soient la configuration et la dénomination de l’emplacement, le Temple s’inscrit parfaitement dans un environnement physique et géographique. Situé en un endroit bien précis – Orient de… -, calé par des piliers qui le soutiennent, une entrée faite de deux colonnes, doté de proportions harmonieuses dans son architecture, selon la géométrie d’un Carré long au périmètre arrêté en coudées et doigts, positionné dans un axe solaire défini par les points cardinaux, le Temple n’est pas seulement figuratif, il est bien réel.  Au REP, nous privilégions plus particulièrement le terme de Loges de Saint Jean, Loges de Saint André et de Chapitres, plus que celui d’Atelier.

Après la construction du Temple, où est la Fraternité ?

Au sein d’un bâtiment réservé aux Travaux en Loges, aujourd’hui comme hier et aussi bien que demain, les Maçons créent entre eux une chaîne de perception et de réflexion axée sur la compréhension de l’Histoire, des événements, de toutes les choses de la vie, sur lesquels se greffe l’éthique de l’Art Royal qui assoit ses fondations dans la Fraternité et l’Amour d’autrui, lesquelles sont constitutives des lois fondamentales de la règle de conduite des Francs-Maçons.

Sans amour de soi-même et des autres, point de compréhension et de tolérance, ni sagesse et clémence, pas plus que partage, don et réception, encore moins acceptation et humilité.

Entre Maçons, nous créons notre lien de parenté dans une filiation, non pas familiale, économique, politique ou religieuse, mais dans une affiliation qui prend la trame d’une fratrie animée de sens moral et civique autant que soudée par un ciment aux ingrédients d’un art de vivre dans une spiritualité et une philosophie parmi lesquelles est exclu tout intérêt individuel, prestigieux et matériel. Cette Fraternité est rappelée dans certains Rituels du premier Grade où nous pouvons lire ceci :

‘’… vous devrez lui associer le concept de fraternité absolue qui unit les Maçons par toute la Terre, en faisant d’eux des Frères au sens absolu du terme, et de la Franc-Maçonnerie une immense famille. Il vous appartiendra de les considérer ainsi, de les chérir comme eux-mêmes vous chériront, et cela en quelque lieu que vous les rencontriez, de quelque Nation qu’ils soient, à quelque religion qu’ils appartiennent.’’

Au sein de ce collectif ou microcosme, la Loge est l’Univers dédié à ses membres déterminés à travailler sur leur soi ou moi intérieur de façon librement choisie, soit en solitaire, soit avec le concours de la Chaîne fraternelle (ou Chaine d’Union en d’autres Rites), dont l’un des maillons en toutes les circonstances sera toujours prêt à répondre spontanément à un appel, le plus sourd soit-il, et à venir soutenir celui en errance, en difficulté et en perte de confiance. La Loge est le lieu de dépôt et de réception où toute question sans réponse se trouve révélée, voire dépouillée comme dans un centre de tri, sous l’effet du constat d’un mutisme pris pour un désarroi, d’un regard sans étincelle, d’un signe d’égarement, d’une souffrance que l’un décèlera chez l’autre. Il peut s’agir d’une appréhension purement trompeuse, et dans ce cas l’inquiétude sera très vite dissipée, ou d’une impression qui mérite d’être éclaircie et alors il y a urgence à s’en saisir pour agir en conséquence. C’est dans cet espace de libre-échange que la Fraternité trouve toute l’expression de ses idéaux maçonniques et sa raison d’être. Dans cette communauté COMPLICE, les Frères s’apportent mutuellement soutien, confortement et réconfort. Cette conception commune de la construction de l’homme et de son Temple (sans omettre son Temple intérieur…) est le véritable lien concret qui unit les Maçons de la Loge pour une Glorification du Travail, en cohésion avec l’Ordre et toutes les Loges que l’Obédience a fédérées autour d’elle ; toutes travaillent à la construction du Temple.

Cette détermination se poursuit hors du Temps et donc de la Loge, dont les membres soutiennent leur comportement envers autrui, initiés et profanes. Ainsi avant de se retirer sous la Loi du Silence, l’Assemblée engage la prospérité de la Loge, non sujette à interruption momentanée ou prolongée du ‘’son et de l’image’’, dans la soutenance de propos suivis des actes au-delà de la fermeture des Travaux. La Loge reste soudée par les liens de la Fraternité parce qu’elle SE constitue en une véritable Union de Maçons qui poursuivent leurs actions vers le Bien hors l’environnement du Temple.

Ces propos définissent la vocation majeure de la Franc-Maçonnerie d’aujourd’hui qui s’emploie à RELIER ce qui est en-dedans (donc dans le Temple) à ce qui est au dehors (soit hors du Temple) et ainsi à dresser un pont entre le spirituel (de l’essence même des symboles et des décors qui se greffent au Temple) et le monde profane vide de tout aspect subjectif, pour laisser place à l’emprise du matériel, dans lequel l’homme s’isole, d’abord séduit ensuite possédé pour être enfin vaincu par des forces agissantes, qui brandissent la promesse du succès et de la notoriété.

Les Frères dans la Loge comprise dans un Ordre structuré avec ordre et rigueur

Physiquement et moralement à l’unisson, nous sommes placés au centre d’une chaîne qui constitue la Loge en un corps unique, dont les organes actifs sont la tête et le cœur de chacun de ses adhérents. Cette volonté d’agir trouve son fondement dans une projection mentale intérieure, une orientation objective de la sensibilité et de l’esprit, qui guident les Maçons à travailler dans le même objectif, en prenant appui sur un Ordre initiatique, doté d’une Constitution. Celui-ci a un contenu, un référentiel, une charte de fonctionnement, des règles régies par l’Obédience ou Grande Loge, organe unificateur, qui soutient Loges et Chapitres qu’elle a fédérés en son giron, on parle alors de Loges-sœurs.

Chacune des Loges est en quelque sorte un organe, pris en tant que centre de gestion et d’organisation, créé par des membres fondateurs. Dûment constituée et consacrée, la Loge a une existence réelle et un domicile où elle exerce son activité, le tout étant valablement accrédité par sa Grande Loge qui lui a délivré un numéro matricule pris dans les Registres de l’Ordre et reporté sur une Patente.

Prosaïquement parlant sans recherche de la définition idéale du mot Loge, nous nous référons aux Constitutions d’Anderson dites « fameuses » pour aborder les distinctions données à la Loge, à savoir celles de particulière et de générale qui qualifient l’Assemblée ou Société de Maçons (sic) dûment organisée, à laquelle appartiennent ses membres, qui se soumettent à la fois à son règlement (loge particulière) et aux Règlements généraux (Loge générale). C’est ainsi que la Loge particulière correspond aux Travaux des Initiés et elle se distingue de la Loge dite générale qui est la Grande Loge. A l’instar des Loges d’antan et plus spécifiquement des Loges particulières, elles prennent rang, titre et numéro matricule.

Au Rite Ecossais Primitif, l’échelle des Grades est répartie en deux classes, les Loges de Saint-Jean (aux trois premiers Grades et au quatrième qui est un office) et les Loges de Saint André pour les derniers Degrés, lesquelles se constituent en Chapitre. Abordées très succinctement, en ce Rite point de Loges bleues : les loges particulières sont des Loges de Saint Jean, coiffées par la Grande Loge, qui précèdent les Loges de Saint André et toutes sont classées Loges rouges. Cette appellation de Loge de Saint-Jean nous est confirmée dans les instructions au premier Grade à la question ‘’Comment s’appelle votre Loge ?’’.

En d’autres Rites, les Loges de Saint Jean, classées Loges symboliques aux Grades – Apprenti, Compagnon et Maître – sont dites Loges bleues par référence à la Franc-Maçonnerie parvenue jusqu’au vieux continent avec le Rite Français, dont une des finalités a consisté a éliminé dans les décors le rouge de l’Ecosse au bénéfice du bleu de France.

En tous les Rites, y compris au Rite Ecossais Primitif, les Loges ont généralement divers qualificatifs et propriétés qui les distinguent. Qualifiée de Respectable, la Loge travaille sous le patronage de sa Grande Loge selon les Rituels pour les travaux aux trois Grades symboliques. On a même dit que l’initiale de Respectable était à rapprocher de l’initiale de l’adjectif Royal, qui a donné Royal Lodge dont les Travaux in extenso sont qualifiés d’Art royal (royal prenant une majuscule ou non selon les auteurs et les ouvrages).

La richesse de notre vocabulaire procure des variantes à ce mot d’une étendue plurielle permettant de cerner différents attributs de :

  • taille (Grande Loge, Grand Orient, Grand Prieuré, Fédération, Chancellerie, Ordre,…),
  • de territorialité (District, Province ou Loge provinciale, nationale ou internationale),
  • de nationalité (ex : Grande Loge Française …),

qui identifient les Formations, dont certaines d’entre elles font précéder leur appellation de SouverainSouverain Sanctuaire…, Suprême Conseil…,leur conférant suprématie et autorité, tous ces identifiants ayant pour effet de marquer le titre distinctif d’une Obédience monorite ou multirite. Après la Loge-sœur précédemment évoquée, il convient de situer la Loge que chacun d’entre nous n’oubliera jamais, je veux parler de la Loge-Mère, celle où nous avons été créés Francs-Maçons, ainsi que le traduit le Frère Rudyard Kipling dans son poème «The Mother-Lodge ».  Aux couleurs (bleu, rouge, blanc, noir en bien des Rites) et à ses qualités (Triangle, juste, juste et parfaite,…), vient s’ajouter la vocation que la Loge, au sein de sa formation, veut prendre : on parle alors de Loge de Recherche, de Loge de Perfection, d’Ateliers Supérieurs, d’Aréopages, etc. On peut y trouver une autre appellation, celle de « Vallée » employée pour les Loges symboliques.

En ce qui nous concerne, nous sommes dans une ligne monorite et la Grande Loge Française du Rite Ecossais Primitif est souchée sur un Ordre. Ses Loges et Chapitres peuvent s’inscrire librement dans cette perspective de Travaux de recherche, si leurs membres le souhaitent. A cette  liberté qui est laissée aux Loges de la GLFREP, il y a lieu de préciser qu’elles sont souveraines dans leurs options. A cet égard, il convient d’observer que les rouages et les Règlements Généraux de l’Ordre du REP ne se placent pas en contradiction avec la pensée d’Oswald Wirth, dont nous rapportons ici le propos :

«… la souveraineté des Maîtres s’affirme dès la fondation de l’atelier. Celui-ci se constitue de par la volonté des Maîtres qui se sont unis en vue de la création d’un nouveau foyer de vie maçonnique. Ses Maîtres exercent en cela un droit imprescriptible de la Maîtrise et ce sont eux qui légitiment la Loge qu’ils fondent, sans qu’ils aient d’autorisation à solliciter de personne. »

Pour juste que soit l’affirmation d’Oswald Wirth, celle-ci a ses limites dès lors que liberté et souveraineté ne signifient en aucune façon indépendance. Cette forme de gouvernance est adoptée par certaines Loges qui ne souhaitent pas, ou plus, être inféodées au sein d’une Grande Loge. C’est un choix qui correspond à la décision collective des membres d’une Loge. A l’expression Loge sauvage, qui définit une telle Loge sans attache à une Grande Loge, nous préférons privilégier l’appellation de Loge indépendante.

En fait, la Loge nous place au cœur d’une entité humaine qui prend pour enseigne, non pas le titre de société ou association assimilé à la dénomination d’une personne morale, mais de celle Respectable Loge ou de Respectable TriangleD’autres particularités accompagnent sa qualité de Respectable, qui nous sont rappelées dans l’instruction du premier Grade à la question « Où avez-vous été reçu ? », et la réponse qualifie la Loge de Juste et Parfaite, ces deux adjectifs correspondant bien à celui de respectable. Dans le cas où ceux-ci ne sont pas remplis, à la Loge se substitue une autre forme de Fraternité qui relève du Triangle.

Enfin, la Loge prend un titre identitaire. Au REP, les statuts imposent à ses Loges de choisir un nom à la résonance écossaise. Donc dûment consacré(e), titulaire d’une patente assortie d’un numéro matricule attaché à son titre distinctif, le Triangle ou la Loge est régulièrement déclaré(e) conforme aux usages.

Par ses lettres de noblesse, l’Atelier qu’il soit un Respectable Triangle (en voie de devenir juste) ou une Respectable Loge (juste et parfaite) est structuré et organisé. Le Triangle est dirigé par un Maître Surveillant et la Loge par un Vénérable dénommé également Maître de Loge (ou encore Maître de Saint Jean au REP) qui désigne son Collège d’Officiers. Triangle et Loge sont investis des pleins pouvoirs qui leur permettent de rendre leur office en toute régularité pour l’exécution de leurs travaux et des cérémonies rituelles. Pour les futurs Initiés qui entreront dans la Fraternité, leur Réception parfaitement régulière est pour eux la garantie d’une authentique progression dans l’échelle des degrés du Temple, parce que la Loge qui les constituera Franc-Maçon sera reconnue par d’autres Respectables Loges, elles aussi régulièrement et traditionnellement constituées. Il en est de même pour les initiés affiliés qui veulent rejoindre une loge dûment ordonnée et structurée au sein d’un Ordre Initiatique.

Si la Loge est nantie de pouvoirs et de droits, comme toute structure déclarée et régulière, elle est soumise à des rouages et des obligations imposés, notamment celle de pratiquer le Rite qu’elle a par ailleurs délibérément choisi par son adhésion à un Ordre initiatique qui lui correspond et qui l’aura constituée valablement au sein de sa Formation ou Confrérie.

Le Rite et ses Rituels sont les éléments structurant qui mettent en vibration les membres de la Loge. Force motrice, actif circulant, capital sociétal, le Rite est le facteur unificateur des activités vécues en Loge. C’est lui qui rassemble les Maçons, membres de l’Assemblée, visiteurs acceptés, jeunes et anciens, tous y compris ceux nés en un Rite différent. Les plus jeunes, notamment les nouveaux initiés, se trouveront portés dans un éveil et une stimulation à un seuil inconnu jusqu’alors, que seul un travail en Loge, par le Rite, leur permettra de vivre pleinement pour accomplir leur Grade et gagner un élan, qui les transportera au-delà des épreuves pour leur donner une puissance de progression :

de place en place,

de niveau en gravitation,

d’outils en matériaux et en symboles,

du parvis au Carré long,

de Colonne en Colonne,

de marche en marche,

de l’Occident à l’Orient jusqu’aux degrés du Temple,

et de questionnements en réponses par une transmission de leurs ainés, autant précise qu’ordonnée. Il en est ainsi pour celui et celle qui veulent faire un parcours initiatique dans une Loge de Maçons intégrée dans un Ordre.

Seuls les Travaux en Loge, complémentaires au travail personnel, permettent de vivre pleinement le Rite, où réside le véritable Secret.

Enfin pour une parfaite cohésion entre les Loges et leur Grande Loge, Concorde et Harmonie sont requises et indispensables entre toutes, pour que la Chaîne fraternelle soit bien réelle et non pas un vain mot. Sinon Paix, Amour et Equité ne règneront pas entre toutes les Loges de l’Ordre qui relie tous les Maillons en une seule chaîne fraternelle, dont les liens se trouveront détruits, sans utilité, sans Beauté aucune et en rupture avec les valeurs de la Franc-Maçonnerie. Car le seul lien qui unit les Frères reste celui de la Franc-Maçonnerie.

Pour rappeler l’affiliation de la Respectable Loge à l’Ordre initiatique, nous terminons ces lignes par les propos du Vénérable qui, lors de la fermeture des Travaux, donne la parole aux membres de l’Assemblée qui auraient des propositions à présenter dans l’intérêt de l’Ordre Maçonnique en général ou de la Respectable Loge en particulier.

———

     Afin d’illustrer notre propos, nous fournissons ci-dessous un recensement des Grandes Loges présentes en France qui nous permettent de remarquer leur dénomination et leurs impressionnants effectifs, qui distinguent les voix que les diverses formations ont retenues : masculine, féminine ou mixte.

22 obédiences, 174 848 Frères et Soeurs !

le 19 juin 2014 18H37 par  François Koch : « Je publie une liste de 22 obédiences maçonniques avec leur nombre de Frères et de Sœurs. C’est une première. Le total est de 174 848 Frères et Sœurs (dont 32 762 Sœurs soit 18,7%). Il s’agit bien sûr de nombres déclarés.

Et il y reste donc UNE question qui sera inévitablement source de débat en bien des esprits : ces effectifs officiels sont-ils authentiques ?… »

  1. Grand Orient de France (GODF) : 50 000 Frères (dont 2,6% de Sœurs).
  2. Grande Loge de France (GLDF) : 33 000 Frères.
  3. Grande Loge nationale française (GLNF) : 25 500 Frères.
  4. Fédération française du Droit humain (FFDH) : 17 000 Frères (dont 67% de Sœurs).
  5. Grande Loge de l’Alliance maçonnique française (GLAMF) : 14 700 Frères.
  6. Grande Loge féminine de France (GLFF) : 14 000 Sœurs.
  7. Grande Loge mixte de France (GLMF) : 4 900 (dont 45% de Sœurs).
  8. Grande Loge traditionnelle symbolique Opéra (GLTSO) : 4 700 Frères.
  9. Grande Loge européenne de la Fraternité universelle (GLEFU) : 2 400 Frères (dont 22,5% de Sœurs).
  10. Grande Loge mixte universelle (GLMU) : 1 400 Frères (dont 52% de Sœurs).
  11. Grande Loge féminine de Memphis-Misraïm (GLFMM) : 1 300 Sœurs.
  12. Ordre initiatique de l’Art royal (OITAR) : 1 200 Frères (dont 50% de Sœurs).
  13. Grande Loge traditionnelle de France (GLTF) : 1 100 Frères.
  14. Grand Prieuré des Gaulles (GPDG) : 1 000 Frères.
  15. Grande Loge des cultures et des spiritualités (GLCS) : 900 Frères (dont 30% de Sœurs).
  16. Grande Loge symbolique de France (GLSF) : 550 Frères (dont 47% de Sœurs).
  17. Grande Loge française de Memphis-Misraïm (GLFMM) : 500 Frères (dont 25% de Sœurs).
  18. Loge nationale française (LNF) : 350 Frères.
  19. Grande Loge indépendante de France (GLIF) : 300 Frères.
  20. Grande Loge initiatique souveraine des rites unis (GLSRU) : 280 Frères (dont 45% de Sœurs).
  21. Grand Orient traditionnel de Méditerranée (GOTM) : 140 Frères (dont 33% de Sœurs)
  22. Grande Loge nationale indépendante et régulière pour la France, les DOM et les TOM (GLNR) : 100 Frères.

1 réponse à “Etude n° 4 – La Loge dans tous ses états”

  1. Avatar de ANDRE ALIBAKIR
    ANDRE ALIBAKIR

    LOGE ou atelier ???

    EN CE QUI ME CONCERNE, LA LOGE EST LIBRE DE SE DIRIGER ELLE-MEME.

    L'ATELIER, LUI, DEPEND DE LA HIERARCHIE,….etc.

    LE FRANC-MACON EST LIBRE DANS UNE LOGE LIBRE,……ect.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *