Accueil » Ordre du R.E.P.

Ordre du R.E.P.

Grande Loge Française travaillant au Rite Ecossais Primitif

 

Avertissement

     Nous devons à Fabrice O’Driscoll, Passé Grand Maître de la Grande Loge Française du Rite Ecossais Primitif, le Morceau d’Architecture ci-après, qu’il avait introduit dès le mois de juin 2001 sur le site de l’Obédience.

     Eu égard à l’intérêt manifeste de son contenu, repris dans quelques ‘’blog’’ (dont celui de M. Thomas Dalet), il nous a paru nécessaire de l’intégrer dans notre site pour rendre un hommage bien légitime à son auteur, dont le nom semble trop souvent effacé au profit d’un autre signataire que notre passé Grand Maître, ou encore par un auteur ayant appartenu ou rattaché à une autre Grande Loge que la nôtre.

     Notre Bien-aimé Frère Fabrice O’Driscoll avait exposé ce magistral cours durant les Travaux en Loge au sein de la Respectable Loge La Toison d’Or Royale d’Ecosse n° 12 à l’Orient de Toulon, dont il était le Vénérable.

 

Historique de l’échelle des Grades du Rite Ecossais Primitif

Toute société, animale ou humaine, naturelle ou volontaire, doit se hiérarchiser pour survivre et progresser. Il est donc logique que la Franc-maçonnerie – considérée sous l’angle de sa représentation sociale ou, si l’on préfère de son corpus institutionnel – ait développé une, puis des hiérarchies, articulées autour de systèmes de degrés ou grades plus ou moins complexes. Ces degrés ou grades n’ont pourtant qu’un rapport lointain et ténu avec ceux du monde profane.

En effet, et cela semble parfois oublié, les grades maçonniques correspondent – ou devraient correspondre – moins à des pouvoirs allant en s’élargissant au fur et à mesure qu’est gravie l’échelle hiérarchique qu’à une succession de portes, qui s’entrouvrent au cours du parcours initiatique.

Les grades maçonniques correspondent ou devraient correspondre moins à des prérogatives qu’à des devoirs. Et si des droits particuliers sont légitimement attachés à chaque grade, ces mêmes droits n’ont de valeur que pour autant qu’ils permettent l’exercice des charges correspondantes.

Les grades maçonniques peuvent donc se définir comme symboliques et obligataires.

Ajoutons qu’ils sont nécessairement transmissibles  – faute de quoi la structure maçonnique elle-même ne pourrait durer – et réglementés, à défaut ils perdraient toute signification ; on dirait aujourd’hui toute lisibilité ou visibilité.

Cette nécessaire règlementation des grades maçonniques a subi des évolutions plus ou moins heureuses, évolutions liées tant à la sociabilité du moment ou de l’époque qu’à l’enracinement géographique des Rites et des Obédiences.

[…] Il y a plusieurs siècles, les systèmes dits des Hauts-Grades en Europe continentale – ou des « grades collatéraux » (side degrees) dans les îles britanniques – n’existaient pas.

Et même les premiers grades différaient de ceux que nous connaissons aujourd’hui. Au XIIIe siècle, le seul grade connu de la maçonnerie opérative était celui de Compagnon, en anglais Fellow Craft, et il fallut attendre plus d’un siècle pour voir apparaître en Écosse celui d’Apprenti, en anglais Entered Apprentice. Les Compagnons n’étaient cependant pas nécessairement du même « rang », pourrait-on dire, et l’on pouvait distinguer les Compagnons installés à leur compte de ceux qui gardaient le statut de salarié. C’est dans la première catégorie que l’on choisira le Maître de Loge, mais ici le Maître n’est point un grade : il désigne une fonction de direction qui deviendra plus tard celle du Vénéralat.

À noter qu’au sein de la Loge, les deux classes de Compagnons ne faisaient l’objet d’aucune distinction sociale.

Il convient donc de se garder de toute confusion entre grade et fonction, du moins jusqu’à la fin du XVIIe siècle. Le Maître de Loge était un Compagnon choisi parmi ses pairs installés à leur compte. Ces derniers prendront progressivement l’appellation maçonnique de Compagnons Confirmés ou de Compagnons finis.

Se dessinera alors un système articulé autour de deux grades dont le deuxième est à son tour subdivisé en deux, et d’une fonction :

  • Apprenti
  • Compagnon et Compagnon confirmé
  • et Maître de Loge.

Au début du XVIIIe siècle, le Maître de Loge n’est toujours pas un grade au sens propre du terme, et la Grande Loge des Moderns confirma en 1717 la seule existence des grades d’Apprenti et de Compagnon.

Il est cependant vrai qu’un manuscrit du Trinity College de Dublin semblerait indiquer comme date de naissance du troisième grade l’année 1711.  C’est du moins ce que rappelle Jean Ferré dans son Dictionnaire symbolique et pratique de la Franc-maçonnerie […].

Si l’apparition de la Maîtrise comme troisième degré hiérarchique ne parait pas pouvoir être datée avec précision, il est généralement admis qu’elle se situerait entre 1718 (peut-être 1711) et 1729. En 1726, la célèbre Loge Dumbarton Kilwinning, décrit son installation en mentionnant la qualité des Frères présents, à savoir : le Grand Maître (Maître de Loge), sept Maîtres, six Compagnons et trois Apprentis.

Mais la présence de ces sept Maîtres ne constitue cependant pas la preuve définitive de l’existence du troisième grade à cette date car, comme le souligne opportunément Christian Guigue « il reste très probable que les sept Maîtres évoqués soient en fait sept dirigeants de Loges venus en visiteurs ». (in « La Formation Maçonnique », page 179).

Les premières Constitutions dites d’Anderson (1723) ne font pas mention du grade de Maître en tant que tel mais, remarque Jean-François Blondeau « d’un système en degrés comprenant un grade d’Apprenti Entré et un de Compagnon ou Maître », les deux derniers termes correspondant à un seul et même grade. (in « Encyclopédie de la Franc-Maçonnerie », page 534).

Ce n’est qu’avec la deuxième édition des mêmes Constitutions, publiées en 1738, que la maîtrise sera enfin formellement intégrée dans le système hiérarchique maçonnique. Vers 1745 apparaît un quatrième grade, le plus souvent connu comme celui de Maître Parfait ou selon les Rites, comme celui de Maître Secret. La Maçonnerie spéculative a pris le pas sur la Maçonnerie opérative et, dès lors, des systèmes de plus en plus complexes se développèrent en particulier sur le continent européen, tant au sein de ce qu’il est convenu de désigner par l’Écossisme qu’au sein de Rites plus « périphériques ».

Des Hauts-Grades viennent compléter une hiérarchie déjà passée de deux à trois puis à quatre degrés. Ce développement n’est pas homogène, tant s’en faut. Chaque Rite, Obédience ou Grande Loge revendique le droit souverain d’établir ou de corriger l’ordonnancement de sa propre hiérarchie.

Seule semble échapper à cette effervescence la Maçonnerie jacobite introduite en France dès 1688 et surtout après 1689 à Saint-Germain-en-Laye par les Loges militaires des Régiments écossais et irlandais ayant suivi le roi Jacques II Stuart en exil, Maçonnerie demeurée peu ou prou fidèle à ce qui sera désigné par Early Grand Scottish Rite ou Rite Écossais Primitif.

En 1778, une tentative de remise en ordre intervient avec l’adoption du Code Maçonnique des Loges Réunies et Rectifiées dit Code de Lyon. Ce Code, qui régira depuis lors le Rite Écossais Rectifié, ne reconnaît que quatre grades symboliques : ceux d’Apprenti, de Compagnon, et de Maître pour les loges bleues et celui de Maître Écossais pour les loges vertes. Mais à ces quatre grades symboliques, s’ajoutent les degrés chevaleresques de l’Ordre Intérieur qui utilise l’ancien Ordre du Temple comme « moyen de transcendance », pour reprendre l’expression de Hugues d’Aumont (in « Templiers et Chevalerie spirituelle des Hauts Grades maçonniques » page 16), Novice et Chevalier du Très Saint Sépulcre de Notre Seigneur Jésus-Christ. On est donc ici en présence d’un système à six degrés, auxquels s’ajoutent encore les deux degrés d’une classe secrète, dite de Profession : Profès et Grand Profès.

Le Code de Lyon décrit avec précision les intervalles devant être respectés pour les passages de grades :

  • cinq mois d’assistance régulière aux travaux du grade d’Apprenti à celui de Compagnon ;
  • sept mois de présence régulière de celui-ci au grade de Maître Maçon ;
  • une année de présence régulière du Grade de Maître à celui-ci de Maitre Parfait Ecossais Chevalier de Saint André.

En deux ans, on pouvait donc atteindre le cinquième grade, étant entendu que le même Code précise que ces intervalles peuvent être abrégés sur dispense particulière. En réalité, ainsi que le note Christian Guigue, « on était souvent Maître-Maçon dès le jour de sa réception » (in « Rite Écossais Rectifié – Manuel pour le Travail en Loge de Compagnon » page 153).

En 1786, Frédéric II est supposé avoir édicté à son tour de Grandes Constitutions qui serviront de charte historique au Rite Écossais Ancien et Accepté, lequel comprend […] 33 degrés se répartissant comme suit :

–    du 1er au 3ème                              pour les Loges bleues,

–    du 4ème au 18ème                         pour les Loges de Perfection,

–    du 19ème au 30ème                       pour le Chapitre,

–    le 31ème                                        pour le Tribunal,

–    le 32ème                                        pour le Consistoire,

–    et le 33ème                                    pour le Conseil Suprême.

Cette hiérarchie en trente-trois degrés ne tardera pas à servir de référence mondiale et la plupart des Rites tenteront de fixer des équivalences entre leurs propres systèmes et celui du Rite Écossais Ancien et Accepté. Exercice parfois périlleux et discutable, car tendant à être oublieux des spécificités propres à chaque parcours initiatique.

Toujours est-il que l’usage veut que le 4° du RER corresponde au 18° du REAA, le Novice au 30° et le Chevalier au 33°.  On notera que la correspondance, entre les derniers degrés de Chevalier du Temple et 33°, semble d’autant plus artificielle que le premier est un degré à caractère chevaleresque alors que le second est un degré administratif.

Les intervalles pour les passages du grade d’Apprenti à celui de Compagnon et de Compagnon à Maître sont identiques à ceux du Rite Ecossais Rectifié, soit respectivement cinq et sept mois, mais l’Article 343 des Règlements Généraux de la Maçonnerie Écossaise, adoptés en 1880, confirme en outre que ces intervalles peuvent s’exprimer également en nombre de Tenues. La Maîtrise est ainsi accessible à l’Apprenti qui aura participé à quinze Tenues. Nous sommes fort loin des pratiques contemporaines, est-il besoin de le souligner. (voir « Règlements Généraux de la Maçonnerie Écossaise pour la France et ses Dépendances » Éd. Lacour, 1993).

[…] Quant au Rite Écossais Primitif, il semblerait qu’il connut des destinées diverses selon son enracinement géographique.

En Écosse, il apparaît que le Early Grand Scottish Rite ne résista pas au mouvement général qui marqua la Maçonnerie des XVIIIe et XIXe siècles. Un témoignage intéressant nous est donné par A.E. Waite dans son Journal, à la date du 8 février 1903. En effet, Waite raconte les conditions dans lesquelles il fut reçu au 44° degré du Early Grand Scottish Rite qui aurait compris 47 degrés au total (cité par R.A. Gilbert « Ars Quatuor Coronatorum« , volume 99 pour l’année 1986).

En France, tout porte à croire que le Rite Écossais Primitif, peut-être parce que peu pratiqué, demeura plus proche de ses origines et qu’il parvint à maintenir assez longtemps une hiérarchie de grades rappelant celle du XVII° siècle.

Mais c’est avec notre ancien Grand Maître, Robert Ambelain, et les recherches qu’il effectua, que la situation allait se clarifier pour aboutir à la mise en ordre que nous connaissons aujourd’hui.

[…] Schématiquement, et sans entrer dans le détail, on peut distinguer deux temps ou deux périodes, dont 1991 sera l’année charnière.

Dans un premier temps, et après quelques variations probablement consécutives à l’avancée de ses recherches, Robert Ambelain arrête la hiérarchie des grades du Rite Écossais Primitif à son cinquième grade, celui de Maître Écossais et Chevalier de Saint André.

L’échelle hiérarchique du Rite Ecossais Primitif comprend alors les grades :

I     Apprenti

II    Compagnon

III   Maître (ou « Compagnon confirmé »)

IV   Maître Installé (ou Maître de Saint Jean ou encore Maître de Loge)

V    Maître Écossais et / Chevalier de Saint André du Chardon.

Ce schéma ressort assez clairement de deux documents ou courriers par lesquels notre ancien Grand Maître explique que le Rite Écossais Primitif arrête sa hiérarchie au 18° degré de l’Écossisme et du Rite de Perfection et donc à son grade de Chevalier de Saint André […] et que le quatrième grade est celui de Maître Installé […].

Pour les Frères qui désirent poursuivre leur avancée hiérarchique au-delà du grade de Chevalier de Saint André, Robert Ambelain offre la possibilité de les acquérir au sein d’un autre Rite dont il détient une patente : le Rite de Cerneau, similaire au Rite Écossais Ancien et Accepté et comportant donc 33 degrés.

Quelques mois plus tard, notre Grand Maître décide d’enrichir la hiérarchie du R:.E:.P:. en lui adjoignant les grades de Novice et de Chevalier du Temple Prince Rose+, semblables à ceux du Rite Écossais Rectifié. Dès lors, il n’est plus nécessaire de faire appel à ce que l’on pourrait appeler la filière Cerneau, le Rite Écossais Primitif se trouvant doté d’un système complet en sept grades. […]

À première vue, la hiérarchie des grades du Rite Écossais Primitif ne semble pas présenter de particularités notables, si ce n’est le rappel d’anciennes dénominations antérieures au XVIII° siècle et une certaine similitude avec celle du Rite Ecossais Rectifié.

Pourtant, deux grades méritent d’être quelque peu explicités, sans divulguer le moindre secret bien sûr, ceux de Maître Installé et de Chevalier de Saint André.

Dans le système propre au Rite Écossais Primitif, le grade de Maître Installé est non seulement une « qualité » comme dans d’autres Rites mais bien un grade au sens strict du terme.

Grade particulier car, bien que placé en quatrième position, il ne peut être conféré que si l’on possède le cinquième grade, celui de Maître Parfait Ecossais Chevalier de Saint André. Les raisons de ce particularisme – que l’on retrouve pour partie au Rite Écossais Rectifié – sont données par Robert Ambelain dans son introduction au « Rituel des Maîtres de Loge« .

Autre particularité du grade, celui-ci est conféré au sein d’une Loge de Maîtres Installés ou, à défaut, dans tout Temple mis à la disposition des trois Installateurs. Il n’y a aucun lien direct avec l’allumage des feux d’une nouvelle Loge et le grade qui est donné l’est ad vitam. Il permet à son titulaire de disposer de l’outil nécessaire pour créer une Loge, puis la diriger, mais l’Installation elle-même constitue une cérémonie per se.

Pas plus que pour les autres grades, aucun intervalle minimal n’est fixé pour le passage au quatrième grade. De même, aucun délai n’est fixé entre l’Installation et la prise en charge d’une Loge.

Est éligible au grade, écrit Robert Ambelain, « un Compagnon confirmé, ancienne dénomination de Maître Maçon, susceptible de diriger une Loge et d’y transmettre les trois grades de l’Initiation maçonnique : Apprenti, Compagnon et Compagnon confirmé ». (R. Ambelain : Rituel des Maîtres de Loge).

Il ne semble pas que, dans l’esprit de Robert Ambelain, la Réception au grade de Maître Installé ou de Maître de Loge ou encore de Maître de Saint Jean constituât une étape obligatoire pour accéder aux plus Hauts-Grades du Rite et, dès lors, rien n’empêche fondamentalement un Maître Parfait Ecossais Chevalier de Saint André de passer aux grades de Novice puis de Chevalier du Temple Prince Rose+ sans être pour autant titulaire du quatrième grade.

En revanche, un Maître Parfait Ecossais Chevalier de Saint André qui serait appelé à diriger une Loge devait obtenir préalablement le grade de Maître Installé. On pourrait donc qualifier ce dernier de grade « fonctionnel ».

Le grade de Maître Parfait Ecossais Chevalier de Saint André mérite également une mention spéciale car il résulte d’un « syncrétisme » original entre degrés purement maçonniques et filiation chevaleresque traditionnelle.

Le sujet est extrêmement vaste et il est naturellement impossible de le développer ici sous tous ses aspects.

Quelques extraits d’une fort intéressante note de Robert Ambelain, intitulée Les Maîtres Écossais, peuvent donner quelques indications essentielles. Il faut savoir que le grade de Maître Parfait Écossais de Chevalier de Saint André est demeuré longtemps secret.

« Le 24 juin 1314, explique Robert Ambelain, Robert Bruce, roi d’Écosse, constitua l’Ordre de Saint André du Chardon. […]. En 1593, Jacques VI d’Écosse constitue la Rose-Croix Royale avec trente-deux chevaliers de Saint André du Chardon. Il est alors Grand Maître des Maçons opératifs d’Écosse. Tombé dans l’oubli, faute de recrutement valable, ou raréfié dans le secret, l’Ordre de Saint André du Chardon est rouvert en 1687, avant son exil en France, par le roi Jacques II. Et là on voit apparaître au grand jour cet ordre maçonnique […] qui a pour nom « Ordre des Maîtres Écossais de Saint André« , nom qu’il ne quittera plus.  Le Rituel, à double sens, évoque […] le retour en Grande-Bretagne, après l’exil en France, avec la restauration des Stuarts. » (Robert Ambelain : « Les Maîtres Écossais »).

D’autres sources donnent l’an 810 comme date de fondation de l’Ordre de Saint André du Chardon […] (Pierre Girard-Augry : « Rituels secrets de la Franc-Maçonnerie templière et chevaleresque » page 27) […]. En tout état de cause, le cinquième grade du Rite Écossais Primitif est d’une exceptionnelle richesse et ne saurait être comparé aux grades – peut-être similaires dans l’apparence – d’autres Rites qui se parent de titres à connotation chevaleresque dans une perspective exclusivement symbolique et sans lien avec l’Ordre de Chevalerie, subsistant ou éteint, dont ils empruntent la dénomination (Chevaliers de la Toison d’Or, Chevaliers de Malte, etc). […]

Un dernier mot sur la question de la validité des grades et titres maçonniques.

Assez curieusement, c’est un aspect du sujet qui est très rarement sinon jamais traité dans les Constitutions, Règlements et autres textes maçonniques. Ou alors de manière indirecte.

[…] Une précaution liminaire s’impose : la validité d’un grade ou d’un titre maçonnique ne saurait être jugée avec des critères juridiques purement profanes. Cela n’aurait pas de sens et conduirait inévitablement à considérer nombre de grades maçonniques comme illicites ou usurpés à l’exemple des dénominations chevaleresques évoquées plus haut.

La validité d’un grade maçonnique ne peut se déterminer qu’à travers la culture maçonnique elle-même : ses règles et son esprit. Ainsi, on pourra sans doute affirmer qu’un grade maçonnique sera réputé régulièrement reçu  – et donc incontestablement valide –  si trois conditions minimales sont réunies :

  1. Régularité de l’Initiation maçonnique de l’Impétrant (on ne saurait donner d’autre grade à un Profane que celui d’Apprenti) et de ses élévations successives ;
  2. Pouvoir de celui ou de ceux qui confèrent le grade : ce pouvoir doit s’analyser par référence au grade détenu par ceux-ci et, le cas échéant, par référence à la fonction règlementaire qu’ils assument au moment où le grade est conféré ;
  3. Stricte observance des Rituels de Réception tels qu’approuvés et en vigueur dans le cadre du Rite au sein duquel le grade est conféré.

Dans certains cas extrêmes ou d’urgence […], les critères de validité – en particulier les critères de forme –  pourront être assouplis pour tenir compte du contexte particulier.

Enfin, il ne faut pas confondre validité et reconnaissance du grade : la validité repose sur des critères objectifs alors que la reconnaissance ne relève que de celui de l’opportunité, critère subjectif s’il en est, ou d’accords inter-obédientiels révisables à tout moment.

Fabrice O’Driscoll, à l’Orient de Toulon – 2000 èv

———-

Les Grades au Rite Ecossais Primitif

     A ses origines, la Franc-maçonnerie écossaise stuartiste semble n’avoir connu qu’un seul grade,  celui de Compagnon.

     Ce n’est qu’au XVIIIe siècle que divers systèmes hiérarchiques ont été élaborés,  toujours sous influence stuartiste.

     L’actuelle graduation propre au Rite Ecossais Primitif – ou Early Grand Scottish Rite –   est parfois source de confusion pour qui s’intéresse à ce Rite de Tradition.  Il est bien vrai que, déjà, son ancien Grand Maître pour la France, Robert Ambelain, semble avoir hésité avant de fixer définitivement la hiérarchie des Grades du Rite Ecossais Primitif.

     Jusqu’à la mi-1991, cette hiérarchie – qui ne comportait pas encore d’Ordre Intérieur – était définie en sept grades, le dernier étant celui de Chevalier de Saint André.

(1)  Apprenti, (2) Compagnon,  (3) Compagnon confirmé,

(4)  Maître,  (5) Maître de Loge ou Maître installé,

(6)  Maître Ecossais, et  (7) Chevalier de Saint André

Dans un deuxième temps, Compagnon confirmé et Maître sont assimilés en un seul grade, le troisième, et la hiérarchie du Rite se trouve ainsi réduite à six grades :

(1)  Apprenti, (2) Compagnon,  (3) Compagnon confirmé ou Maître,

(4)  Maître de Loge ou Maître installé,

(5)  Maître Ecossais,

(6) Chevalier de Saint André.

Ainsi les certificats de réception délivrés par Robert Ambelain à partir du second semestre 1991 au Grade de Maître de Loge ou Maître Installé précisent bien que ce dernier est le « quatrième grade de la hiérarchie du Rite ».

…..    Ceci ressort explicitement des Statuts du Rite Ecossais Primitif de décembre 1990 (JO du 2 janvier 1991) et d’une lettre adressée par Robert Ambelain à A. Fagesi le 18 avril 1991.  A noter que la charge de Maître installé constitue un grade per se, tout comme la cérémonie d’Installation.

Puis, après juin 1991, les grades de Maître Ecossais et de Chevalier de Saint André sont, à l’instar de la hiérarchie du Rite Ecossais Rectifié, réunis à leur tour en un seul grade, celui de Maître Parfait Ecossais Chevalier de Saint André, qui devient ainsi le cinquième grade du Rite Ecossais Primitif.

Cette réunion des anciens cinquième et sixième grades est clairement établie dans le Complément ou Rectification à la Constitution (Ordonnances) de 1720 qui mentionne désormais au singulier ce degré de Maître Parfait Ecossais Chevalier de Saint André (cf. article 3 du Complément ou Rectification à la Constitution de 1720, repris dans le chapitre Textes fondateurs), le Rituel de Travail à ce grade étant l’ancien Rituel de Chevalier de Saint André transmis à Robert Ambelain par Georges Bogé de Lagrèze en 1942.

Le même Complément ou Rectification à la Constitution de 1720 précise que les Maîtres Parfaits Ecossais Chevaliers de Saint André se réunissent en Chambre Ecossaise constituant Chapitre avec autorité administrative sur la (ou les) Loge(s) symbolique(s) relevant de sa compétence.

Ces Chambres Ecossaises (ou Chapitres ou encore Loges chapitrales) sont distinctes et indépendantes de l’Ordre Intérieur (également mentionné dans le même texte).

L’Ordre Intérieur introduisait, dès juin 1991, deux grades supplémentaires, similaires à ceux de l’Ordre Intérieur du Rite Ecossais Rectifié : le grade de Novice et celui de Chevalier du Temple Prince Rose+.

…..    La hiérarchie du Rite Ecossais Primitif retrouva ainsi sept grades définitivement articulés comme suit :

(1)  Apprenti,

(2)  Compagnon

(3)  Compagnon confirmé ou Maître

(4)  Maître de Loge ou Maître installé

(5)  Maître Parfait Ecossais Chevalier de Saint André

(6)  Novice

(7)  Chevalier du Temple Prince Rose+

A l’étranger, et selon les époques, la graduation du Rite Ecossais Primitif a été plus complexe.

En Belgique, la Loge-Mère La Bonne Amitié à l’Orient de Namur, où le Rite Ecossais Primitif fut pratiqué de 1809 à 1862, on trouve trente-trois degrés divisés en quatre classes dont :

  • la première comprenait les trois grades de la Maçonnerie symbolique commune à tous les Rites ;
  • la deuxième classe comprenait le quatrième grade jusque et y compris le vingt-deuxième et traitait des principes de la Haute-Maçonnerie ;
  • la troisième classe renfermait les degrés du vingt-troisième au vingt-neuvième et avait pour objet l’enseignement développé de la Haute Science ;
  • enfin, la quatrième classe s’occupait plus spécialement de l’explication graduellement raisonnée des mystères enseignés emblématiquement dans les classes précédentes.

Le détail de ces trente-trois degrés nous est donné par T. B. Clavel dans son ouvrage Histoire pittoresque de la Franc-Maçonnerie et des sociétés secrètes anciennes et modernes (Ed. Henri Veyrier, 1989, p. 65).

Outre-Manche, le Britannique A. E. Waite indique dans son Journal, à la date du 8 février 1903, qu’il fut reçu au quarante-quatrième degré du Early Grand Scottish qui comprenait alors quarante-sept degrés au total. Nous ignorons s’il s’agit des mêmes degrés que ceux pour lesquels l’américain Matthew McBlain Tomson publia The Rituals of the Degrees of the Early Grand Scottish Rite aux Editions Hugh Murray.

Plus proche de nous, l’Orden Real de Heredom de Kilwinning, établi en Argentine depuis 1810, continue à pratiquer un Rite Ecossais Primitif en sept Grades arrêtés comme suit :

(1)     Apprenti

(2)     Compagnon

(3)     Maître

(4)     Royal Arche de Salomon

(5)     Grand Ecossais de la Voûte Sacrée

(6)     Chevalier d’Orient

(7)     Souverain Prince Rose-Croix.

 

2 réponses à “Ordre du R.E.P.”

  1. Avatar de Adriana

    ci-dessus nous avons un tableau des descriptions des Loges enregistrées par la Grande Loge du REP. Que signifie pour un individu d'être inscrit au registre en tant qu'individu? Quel en est le but?

  2. Avatar de CHAIX Edgard
    CHAIX Edgard

    Passé Grand Maître de l'obédience, (2008-2009) je souhaiterai avoir contact avec Elizabeth MUTEL ou son ou sa successeur(e) afin de pouvoir éventuellement visiter la ou les Loges de CEYRESTE ou BELCODENE

    Avec  mes remerciements fraternels

    CHAIX Edgard membre dignitaire de la Grande Loge Traditionnelle et Moderne de France ( Rite Ecossais rectifié)

     

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *