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Ashmole Elias

Elias Ashmole

Elias Ashmole (1617 – 1692)

Royaliste dans la guerre civile, il est nommé par Charles Ier pour la collecte de la taxe d’accise dans le Staffordshire en 1644, nommé contrôleur et assistant maître de l’artillerie à Worcester en 1646. Pendant les premières années, Ashmole s’insinua avec succès dans les cercles royalistes à Oxford. Le roi, en 1645, introduit son nom dans la commission au lieu de celui d’un John Hanslopp qui avait été initialement nommé. Charles II lui accorde le poste de contrôleur et vérificateur de l’accise de la ville de Londres en septembre 1660, et contrôleur de l’ensemble de l’accise en octobre de la même année. Cette position lui a donné suffisamment d’argent pour vivre. Le roi lui a également accordé le bureau de Windsor Herald et plein pouvoir pour tenir une comptabilité de toutes les entrées, les recettes et les paiements.

Il avait tout pouvoir pour prendre connaissance, recueillir et transcrire tous les documents qu’il pourrait souhaiter utiliser dans son travail. Sa position dans le bureau du Herald a été renforcée par un mandat royal en octobre 1660 qui lui a accordé la priorité sur les autres nouvellement nommés. En 1661, le roi a également fait de lui le secrétaire et greffier des tribunaux de Surinam pour la vie. Avec ses bureaux, Ashmole dirige diverses commissions pour Charles II, comme la garde des médailles du roi.

Le journal d’Elias Ashmole est un support essentiel pour l’histoire de la Franc-Maçonnerie puisqu’il relate, à plus de trente-cinq ans de distance, sa réception dans une loge à Warrington dans le Lancashire et sa partidipation à une admission de maçons acceptés à Mason’s Hall à Londres. D’autres détails sont cependant porteurs d’information significative, et d’abord la confirmation que dès le début Elias Ashmole est un fidèle des Stuart, pendant la guerre civile qui verra la fin de Charles 1er, puis pendant le protectorat de Cromwell, ainsi que Charles II Stuart le lui rendra bien après la restauration de 1660.

Source : Le Dictionnaire de la Franc-Maçonnerie – Daniel Ligou (PUF)

Esprit très ouvert et curieux de tout, il est le type même du savant et du chercheur : avocat et homme de loi, artilleur et cavalier, alchimiste, botaniste et docteur en médecine, archéologue et amateur d’antiquités, historien et numismate de valeur,… il s’adonne en outre à l’alchimie et à la Rose-Croix. […]  Sa loyauté à la cause royale lui valut les faveurs de Charles II, qui le nomma à diverses fonctions et, notamment, Héraut de Windsor. Il figure parmi les fondateurs de la Royal Society de Londres, où il fut admis le 15 janvier 1661. Il offrit ses collections à l’Université d’Oxford qui pour les abriter construisit l’Ashmolean Museum, dont les plans furent dessinés par Sir Christopher Wren, et qui fut le premier musée public britannique. […]

Son journal intime (cf. G. Bord) nous apprend que le 16 octobre 1646, il a été fait Franc-Maçon en compagnie du Colonel Henry Mainwaring par les membres de la Loge de Warrington…  Du fait qu’Ashmole avait épousé la cause royaliste dès 1642, que le Colonel Mainwaring avait combattu dans les rangs des Parlementaires, et qu’un ou deux membres de la loge avaient pu être catholiques romains, les auteurs n’ont pas manqué de citer celle-ci en exemple, comme un modèle de tolérance. Or Mainwaring a changé de camp durant la Guerre Civile. Aussi cette loge apparaît-elle bien plutôt, aujourd’hui, comme un ‘‘refuge’’ de royalistes convaincus. Quoiqu’il en soit, c’est le fameux Sloane n° 3848 qui a servi de support rituel à la cérémonie d’admission d’Ashmole et de Mainwaring. […]

Faute d’autres éléments (son journal), et à moins de faire de l’actualisme, on n’a pas le droit de parler d’inassiduité dans le cas d’Ashmole, car on ne connaît rien de la pratique des loges non opératives anglaises de l’époque.

Source : Gustave Bord, La Franc-Maçonnerie des origines à 1815 (p. 53)

… Ashmole embrassa avec ardeur le parti des Stuarts et en 1644 fut nommé commissaire du roi à Litchfield. A ceux qui prétendent que Ashmole était israélite, on peut objecter qu’en octobre 1646, il était un des membres les plus actifs du cercle catholique de Londres avec Lilly et Booker et qu’il fut enterré dans l’Eglise catholique de South Lambeth. Ashmole aurait été introduit dans la société des Rose-Croix par William Backhhouse, puis le 16 octobre 1646, aurait été admis comme maçon accepté dans la corporation des maçons de Warrington, sous le patronage de Richard Penkett, Warden des Fellow-Crafts. […] Avec des frères, il fonda une société qui avait pour but de bâtir la maison de Salomon, temple idéal des sciences, … C’est certainement par cette association de Rose-Croix que la légende symbolique du Temple de Salomon et probablement celle d’Hiram, empruntées aux alchimistes, furent introduites dans la maçonnerie. Certes Ashmole ne se doutait guère alors du parti que la maçonnerie spéculative tirerait 70 ans plus tard de cette légende. […]

Source : Serge Hutin – Les Francs-Maçons, Editions du Seuil (2e Trim. 1960)

Chap. La Maçonnerie spéculative (page 59)

Un personnage incarne assez bien le type intermédiaire entre le maçon médiéval et le Maçon moderne : Elias Ashmole.  « Le 16 octobre 1646, écrit-il dans son journal (publié seulement en 1717), à quatre heures dix de relevée, j’ai été créé Franc-Maçon à Warrington, dans le Lancashire, avec le colonel Mainwaring, de Karischam. »

Elias Ashmole se passionnait pour toutes sortes de recherches curieuses… On a beaucoup grossi le rôle de cet inlassable érudit et collectionneur d’Oxford : on lui attribue volontiers l’introduction du symbolisme hermétique, la mise au point des rituels, l’introduction de la légende d’Hiram telle qu’elle est mise en action dans l’initiation à la maîtrise. Beaucoup de ces attributions sont plus que douteuses. Ce qui est certain, c’est qu’Ashmole faisait partie d’un petit groupe de Rose-Croix – engouement qu’il partageait avec ses amis membres d’un groupe d’hermétistes, dont sir Robert Moray également promoteur du rosicrucisme. Elias Ahsmole était catholique : c’était aussi un royaliste convaincu, qui embrassa avec ardeur – comme le fera le dernier grand Maçon opératif, l’architecte attitré de Charles II, Christopher Wren la cause des Stuarts. Qu’il se soit servi des Loges dans un dessein politique est fort probable. D’ailleurs le général Monk, principal artisan de la Restauration de 1660, était ‘‘Maçon accepté’’ de la Grande Loge opérative d’Edimbourg ; il avait même constitué au sein de la Maçonnerie opérative un Ordre des Maîtres Ecossais de Saint-André, groupant un petit noyau, soigneusement choisi, de partisans de la cause royale.

Chose digne de remarques, jusqu’au bout les tailleurs de pierre anglais demeurèrent fidèles au catholicisme ; la dernière charte connue (1693) de la Loge d’York stipulait encore : Le premier article de vos instructions est que vous serez fidèles à Dieu et à la Sainte Eglise, et que vous n’emploierez ni hérésie ni erreur dans votre entendement. […]

Pourtant, le ‘‘complot des pasteurs’’ répandra surtout à la lettre même des Constitutions un idéal de ‘‘religion naturelle’’ de tolérance, d’humanitarisme, bien qu’il soit conditionné, en définitive, par des tendances protestantes et antistuartistes. […]

Les jacobites ne désarmeront pas : parallèlement à la Maçonnerie andersonienne protestante –ou plus exactement ‘‘protestantisée’’– se développe la maçonnerie dite écossaise, destinée à servir les espoirs, qui seront sans cesse défaits, de la dynastie déposée des Stuarts ; cette ambiance de complot jacobite s’accompagne d’une atmosphère d’ardente dévotion catholique, mais qui prêtera une oreille de plus en plus complaisante aux tentations d’une certaine ‘‘mystique’’ d’un occultisme plus ou moins orthodoxe quand les chevaleresques rêves jacobites et papistes seront oubliés, ces tendances resteront chez les Maçons Ecossais de la fin du XVIIIe siècle. Durant ce siècle, deux formes de Maçonnerie subsistent donc : la Maçonnerie ‘‘anglaise’’ d’une part, la Maçonnerie dite ‘‘écossaise’’ de l’autre. Le pays de prédilection de cette dernière sera en fait la France ; mais elle existe aussi en Grande-Bretagne même (où les loges jacobites ne se réuniront à la Grande Loge de Londres que quand les seigneurs stuartistes se seront finalement – à la mort du dernier des Stuarts – ralliés à la dynastie hanovrienne. En 1689, Jacques II Stuart, détrôné par Guillaume d’Orange, se réfugie en France avec ses fidèles régiments écossais et irlandais : ceux-ci débarquent avec leur cadre militaire qui sont en grande partie leur cadre maçonnique (beaucoup de leurs officiers s’étant groupés en Loges). La sympathie de beaucoup de gentilshommes français pour la cause des Stuarts rendra particulièrement facile l’apostolat des Jacobites. En 1735, s’installe dans le château d’Aubigny (domaine de Louise de Kéroualle, maîtresse de Charles II) une importante loge de filiation anglaise mais d’esprit jacobite. En 1738, Don Martinez de Pasqually reçoit de Charles-Edouard Stuart une patente pour constituer une Grande Loge écossaise qui restera d’ailleurs à l’état d’ébauche. Charles-Edouard Stuart, un nom qui incarne tous les espoirs jacobites, le séduisant Bonnie Prince Charlie, fils du prétendant Jacques III Stuart et pour qui tant d’hommes combattront héroïquement ou noueront d’incroyables conspirations. Le petit-fils de Jacques II ne pouvait manquer, dans son interminable mais vaine lutte pour la conquête du trône légitime, de se tourner vers des Loges dans lesquelles l’esprit jacobite était si ardent. La prolifération des hauts grades est étroitement liée aux intrigues des Jacobites et de leurs sympathisants français : le Discours du Chevalier Ramsay, fameux aventurier stuartiste, est considéré comme le point de départ du processus qui a abouti à la mise en place, à partir de 1736, de l’extraordinaire cascade de degrés maçonniques supérieurs qui ne cessera de proliférer jusqu’à la Révolution, chez les Maçons français. […]

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Alors que nous pouvons douter de l’assiduité d’Elias Ashmole, le Frère Thory dans son ouvrage intitulé « Acta Latomorum » nous rappelle les faits suivants dans lesquels Ashmole aurait pris une part active aux Travaux en Loge :

« En 1646, il existait à Londres deux Sociétés distinctes : l’une de maçons constructeurs (qui possédait une grande salle de réunion) et l’autre de Frères rose-croix (établie d’après le plan tracé par le chancelier Bacon dans la Nouvelle Atlantis) ayant pour chef le célèbre antiquaire Elias Ashmole qui cherchait un local à sa convenance. Les deux sociétés fusionnèrent pour n’en former qu’une seule, et n’eurent plus qu’un seul temple, celui des Maçons constructeurs. En revanche, les Frères rose-croix rectifièrent les formules de réception des maçons, et y substituèrent un mode d’initiation calqué en partie sur les initiations de l’Egypte et de la Grèce. Enfin, pour constater d’une part la différence de la Société nouvelle avec la maçonnerie de construction, et d’autre part, l’acceptation des frères rose-croix par les maçons constructeurs, les membres de cette nouvelle Société prirent le titre de maçons francs et acceptés. De là, la dénomination abrégée de francs-maçons, et, par suite celle de franc-maçonnerie, appliquée depuis à notre Ordre et à ses Iniitiés. »

On lit par ailleurs dans le journal d’Elias Ashmole :  »I was made a Freemason at Warrington, Lancashire, with Colonel Henry Mainwarring, of Kerthingham, in Cneshire, by Mr Richard Penket, the Warden  and the Fellow-crafts, on the 16th October 1646. » On croit que le colonel Mainwarring était le beau-frère d’Ashmole.

Nota :   Sont proposés dans notre volet ‘‘boulevard des Jacobites’’, les personnages précités : Robert Moray, A.M. Ramsay, Christopher Wren et les Régiments militaires.

(Document déposé sur le site du Rite Ecossais Primitif en décembre 2013)

1 réponse à “Ashmole Elias”

  1. Avatar de SALA
    SALA

    Bonjour,

    L'un des 4 premiers compagnons de Christian Rosenkreuz serait venu en Angleterre, selon Elias Ashmole. 

    Qui est ce frère I.O. ? Les 3 manifestes dont le 1er ne donnent aucune précision à son sujet. De qui s'agit-il ?

    Merci de vos lumières.

    Cordialement.

    Jean-Yves SALA.

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