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Sinclair de Rosslyn

William Sinclair

William Sinclair et Les Chartes Saint Clair

Diverses sources ont été utilisées pour la rédaction de ces pages dans lesquelles elles sont systématiquement reprises.

La principale autorité sur le sujet de l’histoire de la Chapelle et de la famille Saint-Clair est le Père Richard Augustine Hay, du Canon de Sainte-Geneviève à Paris et Prieur de Saint-Piémont. Il a examiné les registres historiques et les chartes Saint Clair et a complété trois volumes d’études en 1700, à partir desquels fut publiée en 1835 la Généalogie des Sinclair de Roslin.

« Le Prince William […] commença par faire faire des esquisses sur des planches à tracer de bois oriental, qu’il donna ensuite à sculpter par des charpentiers qui suivaient les esquisses, sculptures qu’il donna ensuite aux maçons pour servir de modèles, afin qu’ils puissent les faire apparaître tels quels dans la pierre ; et parce qu’il trouvait que les maçons n’avaient pas d’endroit convenable où loger […], il leur fit construire la ville de Roslin qui est aujourd’hui existante et donna à chacun une maison et des terres. Il récompensa les maçons suivant leur degré ; ainsi au Maître Maçon, il donna jusqu’à 40 livres de salaire annuel, et aux autres, 10 livres… »

Par ailleurs, d’après un opuscule édité par la Grande Loge d’Écosse en l’année 2000, la Franc-maçonnerie écossaise possède sur le sujet une documentation longue et complète. La connexion entre les maçons opératifs et les Saint Clair de Roslin aurait commencé aux environs de 1601, quand les maçons d’Écosse ont officiellement reconnu William, comte de Roslin, comme étant leur « patron et protecteur ». Ce fait est connu par la « Première Charte des Saint Clair ». Vers 1628, les maçons écossais ont renouvelé leur reconnaissance envers le fils du comte, également nommé William, et cette « Seconde Charte des Saint Clair » est similaire.

De nombreux symboles maçonniques, ou tout au moins dont certains seront repris trois siècles plus tard par la Franc-maçonnerie spéculative, sont présents à l’extérieur du bâtiment, sur les murs, ou encore au plafond : compas, équerres, damiers, colonnes, etc.  William Sinclair, aurait d’ailleurs également été reconnu Patron et protecteur des Maçons Irlandais, par Jacques II d’Écosse.

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Dans leur ouvrage Le second Messie, Christopher Knight et Robert Lomasvont même plus loin. Les sculptures énigmatiques de la chapelle de Roslin comportent à la fois des symboles templiers et maçonniques, bien qu’elle fut construite un siècle et demi après la disparition officielle de l’Ordre du Temple (ceci n’impliquant pas la disparition de tous les templiers pour autant), et un siècle et demi avant l’apparition officielle de la franc-maçonnerie. Le lien souvent imaginé entre templiers et francs-maçons prendrait ici un sens particulier, si l’on suit leur étude détaillée des liens entre l’Ordre du Temple et la famille Sinclair d’une part, et les liens entre la franc-maçonnerie spéculative et Sir William puis ses descendants d’autre part, nommés Grands Maîtres maçons de pères en fils dès 1441, par le roi Jacques II d’Ecosse. Ils émettent également la théorie selon laquelle le mur ouest de la chapelle (photo ci-contre) serait en fait une représentation du Mur des Lamentations de Jérusalem et qu’il fait donc partie de la structure comme élément de décoration, plus qu’être une preuve de la volonté d’extension de l’église, ce qui lui aurait donné les dimensions d’une cathédrale. Ajoutons que la chapelle de Roslin ressemble beaucoup au chœur Est de la cathédrale de Glasgow. Ces hypothèses sont cependant vivement contestées par l’historien écossais Robert Cooper dans un ouvrage paru en 2011.

Source : David Stevenson – Les Premiers Francs-Maçons

Les Chartes Saint Clair nomment les Sinclair de Roslin mécènes et protecteurs du métier de maçon et prétendent qu’ils détenaient cette fonction de manière héréditaire. Les historiens maçonniques font invariablement référence aux « Chartes Saint Clair » mais à l’époque de la publication, les lairds de Roslin orthographiaient généralement leur nom ‘‘Sinclair’’.

Première Charte Saint Clair – 1600-1601 (datée par les offices de certains des signataires)

Accordée par les maçons d’Ecosse avec le consentement de William Schaw à William Sinclair de Roslin. Signée par Schaw et des représentants de loges. Une partie de la feuille (contenant peut-être d’autres signatures) a été déchirée.

Seconde Charte Saint Clair– 1627-1628 (datée par les fonctions de certains des signataires)

Accordée par les marteleurs et maçons d’Ecosse à Sir William Sinclair de Roslin. Signée par des représentants de loges. Une partie de la feuille (contenant peut-être d’autres signatures) a été déchirée.

Source : Bernard Bouchard – Les Sinclair

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Les Sinclair furent toujours des loyaux partisans des Stuarts, fidèles à leur foi catholique, ils soutiendront les Jacobites. Ils ont continuellement entretenu des rapports étroits avec la franc-maçonnerie et, prétendent-ils, avec l’Ordre du Temple…  Le moins qu’on puisse dire est qu’ils furent, avec d’autres, des acteurs éminents de l’histoire écossaise du XIVe au XVIIe siècle. Par ailleurs, leur engagement dans l’art architectural, leur rôle protecteur des maçons feront dire que les seigneurs de Rosslyn ont la réputation d’être de grands architectes. Sir William Sinclair soutenait Bruce dans sa lutte pour conquérir la Couronne écossaise. Edouard II avait repris l’offensive contre l’Ecosse. En 1308, il avait épousé la fille aînée de Philippe le Bel, Isabelle de France. Contrairement à l’alliance signée avec l’Ecosse en 1295, le mariage dynastique promis était dévolu à un ennemi et la France n’était plus en position de soutenir l’Ecosse. La confrontation armée eut lieu à Bannockburn près de Stirling en 1314, trois mois après la mort de Jacques de Molay sur le bûcher. Elle dura plusieurs jours… Bruce et trois membres Sinclair étaient présents sur le champ de bataille… Les anglais déconfits abandonnèrent piteusement la place. […]

Rosslyn Chapel, au sud d’Edimbourg, fut commencée en 1446 par le comte William Sinclair. Sa construction dura quarante ans et le projet initial ne fut jamais achevé. Après Bannockburn, les Sinclair apparaissent comme une famille incontournable de la vie écossaise. Parce qu’ils étaient défenseurs du royaume, détenteurs de secrets ésotériques, l’idée leur vint de construire un temple avec une entrée classique flanquée de deux piliers, Jakin et Boaz, avec un plafond sculpté pour abriter le Saint des Saints. C’est le troisième Temple que voulut faire William Sinclair en héritier de Zorobabel avec l’aide des Templiers…  Jamais achevée, toujours remaniée, Rosslyn, en dépit des outrages des guerres, reste un témoignage troublant du passage de la tradition templière à la tradition maçonnique. […]

Les Bouleversements du XVIe siècle, qui apparaît comme le siècle des ruptures. Ruptures dans le domaine politique, dans l’organisation de la société, rupture avec la pensée traditionnelle et surtout avec une certaine conception de la religion… De nouvelles idées, issues des découvertes et des progrès de la science, ne peuvent que séduire la maçonnerie naissante qui fait siens le triomphe de la raison, la recherche assidue de la Vérité et l’ennoblissement de l’homme. A la faveur d’une nouvelle société tant en Ecosse qu’en Angleterre, l’évolution des loges va déboucher sur la constitution d’une maçonnerie mère du Rite Ecossais… Cette franc-maçonnerie reste encore opérative mais elle a en elle tous les éléments fondamentaux du futur Rite Ecossais. Sur le continent, les Ecossais étaient toujours les bienvenus à la Cour de France. Il s’était même constitué une petite armée mise au service personnel du roi. En 1445, la nouvelle armée française créée par Jacques VII comportait une compagnie de gendarmes écossais issus de troupes qui avaient combattu avec Jeanne d’Arc. Elle deviendra une unité d’élite, la fameuse Garde Ecossaise dont les officiers appartenaient aux familles les plus illustres d’Ecosse : les Sinclair, Stuarts, Montgomery. […]

La personnalité de Jacques VI est difficile à cerner… C’est pourtant ce roi, reçu franc-maçon dans la loge de Perth, qui sera, par un hasard de l’histoire, le trait d’union entre l’Ecosse et l’Angleterre. […] Un ordre moral puritain s’abattit sur l’Ecosse…, Noël et la Saint-Jean n’étaient plus des jours fériés… Les maçons étaient évidemment mal à l’aise. S’attaquer à saint Jean était une déclaration de guerre. Il existait en Ecosse aux XVe et XVIe siècles, un tissu maçonnique opératif très important, sous forme de loges, de guildes, de fraternités religieuses qui regroupaient des artisans – des compagnons – qualifiés qui participaient activement à l’activité économique du pays. […]  Jacques VI sentit certainement le danger et, subrepticement, s’imposa comme protecteur des maçons. En 1583, il nomma à vie un catholique, William Schaw, maître des travaux du roi, responsable des châteaux et bâtiments royaux. Il est évident que seul un maître maçon pouvait être nommé à ce poste. Schaw avait l’appui des Sinclair et de lord Seton, catholique, lord chancelier et ambassadeur. Les premier et second Statuts de Schaw nous renseignent sur l’organisation des loges qui doit désormais être commune. Ils sont écrits et signés de sa main et clairement divisés en paragraphes. Le mot ‘‘loge’’ y est attesté. Les obligations sont fondées sur les Anciens Devoirs, connus en Ecosse,…

L’apprenti intégré est l’entered apprentice, le compagnon fellow craft. En résumé, les Statuts Schaw fournissent un flot d’informations sur le fonctionnement des loges… A la même époque, William Schaw publie un document plus court, la première Charte Sinclair de Rosslyn qui confirmait que, de génération en génération, les Sinclair étaient les patrons et protecteurs des privilèges des maçons. Avec Schaw, on possède des écrits très cohérents qui donnent une excellente vision de l’organisation des métiers en Ecosse à la fin du XVIe siècle.

Les Statuts Schaw sont le premier document authentique écossais concernant la vie des loges et des guildes en cette fin du XVIe siècle et les renseignements livrés sont d’un intérêt incomparable.

En 1603, par un revirement dont l’histoire a le secret, Jacques VI fut appelé à changer de royaume. Elisabeth venait de mourir sans enfant. Les nombreuses femmes d’Henri VIII n’avaient laissé aucun héritier, la dynastie des Tudor s’éteignait. La Couronne revenait à l’autre branche, mariée aux Stuarts, et Jacques VI d’Ecosse devint Jacques Ier d’Angleterre… Le roi, initié à Perth, dans une des plus anciennes loges d’Ecosse, catholique de cœur, arrivé avec sa cour, sa suite, sa garde écossaise et parmi eux de nombreux maçons, allait certainement modifié le cours des choses. Il n’en fut rien. Il eut l’intelligence de ne pas prendre officiellement parti et d’essayer de trouver un compromis… On lui doit à cette époque une œuvre majeure : la traduction de la Bible. Cette ‘‘authorized version’’ de Jacques VI reste un monument toujours admiré. En 1606, il donna au pays son drapeau : l’Union Jack. Il voulut également officialiser l’union de l’Angleterre et de l’Ecosse mais, en dépit de ses efforts, le projet fut rejeté par les Parlements. […]

Les Chartes Sinclair

La maçonnerie en Ecosse est toujours active, c’est-à-dire opérative, même si elle admet des ‘‘spéculatifs’’. Rien de comparable avec l’Angleterre, où les loges qui n’ont pas disparu végètent hors des périodes éphémères de construction, s’éloignant de plus en plus de la tradition. On possède des preuves de cette vivacité en Ecosse par des écrits. Les Chartes Sinclair (1601-1628) sont un exemple intéressant. Ce sont des lettres plutôt que des chartes, lettres de suppliques des maçons opératifs demandant à William Saint-Clair de Rosslyn d’accepter de devenir arbitre de leurs querelles internes. Afin d’obtenir satisfaction, ils déclarent que, avec l’assentiment de William Schaw, ils reconnaissent le Saint-Clair de Rosslyn comme protecteur et maître. Ce besoin de pro-tecteur trahit une association qui dépérit et qui n’a pas les moyens d’ester en justice pour régler ses problèmes internes. Ces ‘‘Chartes’’ furent signées par de nombreuses loges de maçons opératifs, vers 1601 celles d’Edimbourg, Dumferline, Saint Andrews, Haddington, vers 1628 celles de Dundee, Glasgow, Stirling. Au reste, les archives de la famille Sinclair sont du plus grand intérêt dans la mesure où elles révèlent l’implication profonde de cette famille dans la maçonnerie.

En 1710, circule en Ecosse un manuscrit qui est fondamental pour expliquer la filiation du Rite Ecossais Ancien et Accepté : le Dumfries. Alors qu’on ne retrouve aucune publication de ce genre en Angleterre, soit parce que rien n’a été écrit puisque les loges opératives se meurent, soit parce que des personnages comme Anderson ont fait disparaître toute trace d’Anciens Devoirs afin de mieux servir leur projet…

L’Acte d’Union n’a pas affaibli le sentiment jacobite qui demeure fort et opposé aux Hanovriens.

[…]

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Ce n’est que vers 1736 que les spéculatifs furent suffisamment nombreux pour créer la Grande Loge d’Ecosse. William Sinclair de Rosslyn (1700-1778) fut choisi comme Grand Maître (peinture ci-contre) de la nouvelle Grande Loge d’Ecosse… et il renonçait à ses droits héréditaires sur la maçonnerie d’Ecosse pour être élu à l’unanimité.

[…]

(Document déposé sur le site du Rite Ecossais Primitif en décembre 2013)

Les Chartes Sinclair figurant sur le portail du Clan Sinclair, nous avons pu les intégrer dans notre rubrique ‘‘Textes, Manuscrits et Documents’’.

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