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Filiation écossaise

   Kiosque littéraire Rite Ecossais Primitif   

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 Ouvrage

Héritage oublié des druides

Compagnonnage et franc-maçonnerie

 Auteur Arz Bro Haoned
 Edition .….Editions Véga – juin  2006
 Extraits .….Franc-maçonnerie écossaise et stuardiste

filiation1Transmission de la tradition des druides

Les Fraternités de Constructeurs et de la Franc-Maçonnerie Ecossaise (page 50)

Des indices sérieux permettent de penser que l’une des voies de transmission de la tradition des druides a emprunté les Fraternités de constructeurs.

La transmission s’est faite et se poursuit par la symbolique et les rituels qui, malgré les aménagements au cours des siècles, contiennent l’essence de la voie initiatique ancestrale…

Les rituels maçonniques contiennent l’héritage plus ou moins voilé, plus ou moins transparent de la tradition spirituelle de l’Occident, qui n’est que la forme adaptée de la Révélation aux peuples celtiques. […]

La Franc-Maçonnerie de filiation écossaise.

La France a eu la bonne fortune de recevoir sur son sol des régiments écossais et irlandais en 1688, comportant des loges militaires dont les Frères seront à l’origine de loges civiles y apportant le rite dit ‘‘écossais’’, connu par ailleurs sous le nom de ‘‘Early Grand Scottish Rite’’, adaptation du rituel des maçons opératifs aux maçons acceptés. […]

L’assise de la franc-maçonnerie écossaise ne peut être formée que par les Kuldéens d’Ecosse et les Enfants de Maître Jacques ayant suivi les Cisterciens en Ecosse à partir de 1100, et qui ont dû se tenir sous la même bannière, celle de la tradition celtique d’orientation ‘‘chrétienne’’. De cette branche en apparaîtra une nouvelle, celle des loges régimentaires vers 1660 qui seront à l’origine d’une franc-maçonnerie dite ‘‘Stuardiste’’ en Bretagne armoricaine et en France. Avant la date de 1600, il est difficile d’avoir une idée du nombre ‘‘d’Adoptés ou d’Acceptés’’ dans les loges écossaises de Tradition.

C’est en 1598 que vont être diffusés en Ecosse les ‘‘Statuts Schaw’’, qui semblent ne pas concerner les Loges de Chantiers temporaires ou semi-permanentes. William Schaw, maître de travaux du roi et surveillant général des maçons, élabore et rétablit des rituels, répondant aussi au besoin qui devait se faire sentir d’une remise en ordre dans les loges d’Ecosse, de même que pour leur fonctionnement… Ces statuts préconisent le respect des Ordonnances et indiquent le saint, patron du métier. Le plus souvent reconnu est Saint Jean l’Evangéliste fêté le 24 décembre, date à laquelle se tenait la principale réunion annuelle des loges. Les seconds statuts Schaw de 1599 contiennent 14 articles séparés ou paragraphes. Ils traitent de l’organisation interne de la loge, de la discipline, des redevances d’entrée dans la loge, du financement des banquets, mais aussi de l’examen de l’art du métier avant l’admission d’un compagnon du métier. Les archives, recommandées par les Statuts de William Schaw commencent à porter des fruits. Par ce côté, nous apprenons qu’un autre personnage, John Mylne, maître maçon du roi, est reçu à la loge d’Edimbourg en 1633, en qualité de Compagnon et Frère. A la fin du XVIe siècle, en Ecosse, nous sommes en présence de plusieurs sortes de loges :

–        Loges de chantiers temporaires ou semi-permanentes

–        Loges permanentes ou établies (Edimbourg, Kilwinning par exemple)

–        Loges mixtes compagnons du métier et non manuels adoptés au 1er degré, certains acceptés au 2e degré, et découlant des loges établies.

Au XVIIe siècle, des gentlemen anglais furent adoptés dans des loges écossaises, sans les fréquenter par la suite… Le cas d’Elias Ashmole est significatif. Membre de l’Invisible Collège d’Oxford, officier d’artillerie, chimiste, archéologue, etc., il est adopté en 1646, sans doute lors d’une réunion occasionnelle à Warrington, en Angleterre, par des francs-maçons écossais. Il est possible qu’un ‘‘club d’adoption’’ ait fonctionné sporadiquement à Warrington par la suite pour recevoir des non manuels au 1er degré d’apprenti, niveau que les adoptés n’auraient pas dépassé, ben que la franc-maçonnerie de tradition en Ecosse comporte sept degrés comme les autres. Il est probable qu’Ashmole n’ait pas eu de contact pendant 35 ans avec la franc-maçonnerie, lorsque sur convocation, il se rend le 11 mars 1682 au Mason’s Hall à Londres pour assister à l’admission de six hommes dans la Compagnie des Maçons de Londres… Pratiquement, toutes les loges connues au XVIIe siècle en Angleterre étaient des ‘‘loges occasionnelles’’, réunions improvisées qui avaient lieu pour ‘‘initier’’ des hommes comme francs-maçons, et non pas comme membres d’une loge permanente puisque de telles choses n’existaient pas. En ce qui concerne l’Angleterre, aucune loge permanente n’apparaît avant 1682…

On peut se demander ce que des loges anglaises de maçons autoproclamés, adoptés et parfois acceptés ayant reçu le deuxième degré symbolique de compagnon ont bien pu apporter rituellement à la Grande Loge de Londres en 1717 ? Les seules loges en Angleterre qui détenaient la Vieille Tradition étaient celles des Constructeurs, ayant ou non adopté ou accepté des membres non manuels. Peut-être une exception en ce qui concerne Christopher Wren qui paraît bien avoir été un des seuls à être reçu rituellement franc-maçon jusqu’au septième degré à la loge Saint-Paul à Londres en 1691.

Si nous nous intéressons tant à l’Ecosse, c’est que de ce pays vont revenir en France les us et coutumes de la franc-maçonnerie conservés dans les loges écossaises dont le rôle va avoir son importance. En France, après la séparation historique des Compagnons du métier d’avec les maîtres d’œuvre entre 1315 et 1459, les Enfants du Père Soubise et les Enfants de Salomon s’organisèrent en Compagnonnage. Les Enfants de Maître Jacques, de leur côté, ont pu conserver la Vieille Tradition dans les pays où ils œuvraient…  Quoiqu’il en soit, et tout en conservant en mémoire l’apport important de Bâtisseurs français en Grande-Bretagne depuis le XIe siècle, peut-être même bien avant, c’est d’Ecosse que va nous revenir en 1688 une franc-maçonnerie de tradition avec les loges militaires des régiments écossais et irlandais accompagnant Jacques II en exil à Saint-Germain-en-Laye.

Après la dissolution de l’Ordre du Temple, par la bulle papale de Clément V le 22 mars 1312, des chevaliers du Temple venant de France, gagnèrent l’Ecosse et arrivèrent près de Kilwinning selon certains historiens qui précisent qu’à la Saint Jean d’hiver 1313, ils tinrent chapitre, décidèrent de continuer l’Ordre et nommèrent Pierre d’Aumont, Grand Maître, celui-ci étant avant l’exode Grand Maître Provincial d’Auvergne. ‘‘Pour, nous dit-on se soustraire aux persécutions, ils empruntèrent des symboles pris à l’Art de la maçonnerie et se dénommèrent maçons libres.’’ Difficile de savoir s’il s’agit d’une légende ou de faits réels ?

L’année suivante, le 24 juin 1314, l’Ordre de Saint André du Chardon est constitué par Robert Bruce, roi d’Ecosse pour y accueillir les Chevaliers du Temple de son royaume, ce qui voudrait valider ce qui précède sur la présence de Templiers en Ecosse, mais ce n’est qu’une légende véhiculée par le rituel du régime de Heredom de Kilwinning. Il y eut bien un Ordre du Chardon en Ecosse, mais il ne fut fondé qu’en 1534 par Jacques V, et ne devint Ordre de Saint André du Chardon que plus tard. Oublié pendant plusieurs décennies, l’Ordre de Saint André du Chardon est rouvert en 1687, avant son exil en France par le roi Jacques II, et qui prit le nom de : ‘‘Ordre des Maîtres Ecossais de Saint André’’. Notons aussi qu’en 1593, 32 Chevaliers de l’Ordre du Chardon seront à l’origine de la constitution de la Rose-Croix Royale par Jacques VI d’Ecosse, alors Grand Maître des maçons opératifs. Peut-on voir un lien entre francs-maçons, Templiers et Rose-Croix, ces derniers réputés avoir influencé la franc-maçonnerie anglaise de même que des alchimistes qui se rencontraient au sein des collèges d’Oxford déjà institués au XIIe siècle ?  […]

En 1606, sont signalés à la loge d’Edimbourg des nouveaux maîtres-compagnons du métier qui sont décrits comme ayant accompli leurs devoirs en tous points. Devons-nous comprendre cette tournure équivalente à compagnon fini ? Mais ce n’est qu’à la fin du XVIIe siècle que cette loge fournit le premier témoignage d’un troisième degré. Pour la première fois, le compagnon du métier et le maître cessent d’être synonymes.

La période de transition paraît se situer dans les dernières années du XVIe siècle. Les premiers statuts Schaw de 1598 font mention des grades d’entered apprentices et de compagnons du métier, dont l’initiation, grâce au Mot de Maçon, se place au cœur des instructions. […] Nous n’en sommes pas encore au mythe d’Hiram qui ne semble apparaître que vers 1723 à la Grande Loge de Londres. Par contre, les loges militaires de Gardes écossais ou irlandais, dites Stuardistes et installées en France avant 1700, ne connaissaient en dehors des deux premiers degrés, que le Maître de Loge et ignoraient le rite de la mort d’Hiram. Si nous acceptons l’idée que la transmission de la dignité de maître de loge s’est perpétuée en France, elle ne peut que provenir en ligne directe que par des maîtres de loges régimentaires ayant essaimé, ce que confirmerait ‘‘l’Association fraternelle des Maîtres installés’’. Par ailleurs, il n’est pas sérieux de penser que la Grande Loge de Londres ait détenu le rituel des maçons opératifs pour l’élévation au rang de maître de loge. Elle n’a donc pas été en mesure d’exporter en France le degré initiatique de cette fonction. […] Selon Samuel Prichard, maçon en 1728 de la Grande Loge de Londres, nous nous apercevons dans Masonry Dissected de 1730, que les cinq points par lesquels on relève le maître, sont encore les cinq points du compagnonnage. C’est aussi l’apparition de la ‘‘griffe’’… Les trois coups distincts (the Three Distinct Knocks) publiés en 1760 représentent les rituels des trois degrés, (dont les deux premiers très certainement tirés de la maçonnerie des anciens) qui se pratiquaient en Angleterre où, pendant son séjour, l’auteur qui avait été membre d’une loge à Paris, visita une loge en Irlande et fréquenta une loge des Modern’s. […]

Nous donnons le point de vue de René Guénon relatif à l’histoire du Schisme maçonnique anglais de 1717, écrit par Jean Barles, de 1931 à 1937, en ce qui concerne l’incendie des archives de la loge Saint-Paul de Londres : « selon toute vraisemblance, les responsables n’en furent pas les Maçons traditionnels craignant qu’on ne publiât les Old Charges, ce dont personne n’eut jamais sérieusement l’intention, mais, bien au contraire, les novateurs eux-mêmes, qui précisément n’avaient rassemblé ces anciens documents que pour les faire disparaître après en avoir utilisé ce qui leur convenait, afin qu’on ne pût faire la preuve des changements qu’ils y avaient introduits. » […]

La franc-maçonnerie des Modern’s anglaise, qui a emprunté aux loges opératives une organisation, des rites, des outils symboliques par le biais des maçons acceptés, ne peut se targuer pour autant d’une transmission initiatique. Ceci se trouve confirmé par le fait que les maçons opératifs se défendront jusqu’à nos jours d’une filiation de leur part au profit des francs-maçons de la Grande Loge de Londres. Par ailleurs, les loges opératives pouvant comporter des Acceptés continuèrent leur chemin et se constituèrent en Grande Loge des Antients en 1753 ayant conservé leurs coutumes apparemment chrétiennes, ce qui les opposaient aux Modern’s qui laissaient à chacun ses propres opinions. […]

Les loges régimentaires vont s’affilier à la Grande Loge de France, puis au Grand Orient de France qui lui succéda. C’est ainsi que la filiation de la Maçonnerie Stuardiste pénétra en ces obédiences par l’entremise de ces affiliations, et lui évita la pseudo-filiation maçonnique de la toute nouvelle Grande Loge de Londres née des combinaisons d’Anderson et de Desaguliers.

En fin de compte, seules les Loges du Rite Ecossais Primitif en France et en Allemagne, peuvent revendiquer une réelle filiation apportée par les loges régimentaires écossaises et irlandaises en 1688. Filiation conservée au sein de loges (tant à la Grande Loge de France qu’au Grand Orient de France, fédération de Rites, qu’à la Grande Loge Française du Rite Ecossais Primitif), filiation réapparue en France en 1919 en provenance du Suprême Conseil des Rites Confédérés, branche américaine, et réveillée en 1985 par Robert Ambelain qui conserva la Grande Maîtrise jusqu’en 1992.

(soulignement et caractères gras ajoutés par nos soins)