Le parjure

Morceaux de textes choisis

morceaux2
 Travail 

Le parjure et ses dérivés

 Thème 

du Serment au parjure  

 Auteur

Patrice GILLETA, R:.L:. Lune et Soleil d’Ecosse n°22  ….

A la Gloire du Grand Architecte de l’Univers,

Le parjure est un vaste thème qui conduit à une réflexion de récolement et de synthèse de cinq points particuliers :

  1. Jurer et la Parole
  2. Le parjure et le mensonge
  3. Le serment et sa renonciation
  4. Le parjure et la confiance
  5. Le parjure et la corruption

1 –  Jurer et la Parole

Du latin jurare, jurer signifie se conformer sous serment, faire promesse ou proclamation solennelle devant une assemblée (ou Dieu, un saint) prise à témoin, s’engager fermement avec solennité ou force, prononcer un Serment de soumission à des résolutions. Jurer sa foi, fidélité, amour éternel, obéissance, attachement, allégeance ; jurer de dire la vérité ; jurer sur l’(son) honneur ; jurer en levant la main droite (Tribunaux) ; jurer le secret, …

Dans le contexte religieux, l’acte de jurer est synonyme de son dérivé parjurer. Par le passé, l’expression commettre le parjure signifiait violation des dix commandements chrétiens (cf. sens ‘’jurer le nom de Dieu’’), et plus fréquemment le meurtre, l’adultère ou le divorce. Par extension, jurer le nom de Dieu était un blasphème ; jurer comme un charretier ou un païen, consistait à proférer des grossièretés ou des jurons.  Pendant que ‘’Jurer ses grands dieux’’ présente une expression de sincérité, tout comme jurer par quelqu’un exprime une admiration sans borne, ou invoquer l’autorité d’une personne dont on se réclame comme modèle par suite d’une admiration aveugle.

En revanche ‘’ne jurer de rien’’ est une expression de mesure qui consiste à ne jamais affirmer avec certitude, dans le risque d’une marge d’erreur. Un vieux proverbe dit aussi : ‘’il ne faut jamais répondre de ce que l’on fera, ni de ce qui peut arriver’’.

Généralement la parole est le langage prononcé ou écrit, par lequel l’homme s’exprime et communique avec ses semblables. Du grec, logos, dans la Bible, la Parole désignait Dieu. Aussi, le christianisme considère le logos divin comme le commencement de toutes choses et leur origine. L’étymologie du mot parole est la même que celle de parabole qui signifie rapprochement, et récit allégorique qui a pour objet de révéler un enseignement. L’évocation de la parole prise dans une valeur extrême a donné la  »Parole d’honneur ».

Le prologue de Saint Jean, sur lequel les Initiés prêtent Serment, situe la Parole comme suit : « Au commencement était la Parole et la Parole était avec Dieu et la Parole était Dieu »,  et ce Prologue annonce la parole dans les Travaux rituéliques.

2 –  Le parjure et le mensonge

Du latin perjurus (menteur), perjurium (mensonge, faux serment), le parjure est, au sens large du terme, une violation du serment. Le mot a pour synonyme infidèle et traitre, et l’expression couramment utilisée est l’acte de commettre un parjure. Au Moyen-âge, le parjure conduisait à la peine de mort ou à l’excommunication, dès lors que le Serment était prêté sur la Bible, la croix, l’autel ou des reliques. Une telle faute était toujours condamnée par les religions en tant que manquement au respect dû à la divinité prise à témoin. De nos jours, le parjure est un délit reconnu en droit anglo-saxon consistant à mentir ou à produire de faux témoignages par écrit devant un Tribunal, alors que le serment a été prêté devant les Juges. C’est le sens de la violation de l’acte de prêter serment retenue par les instances criminelles portant atteinte au bon fonctionnement de la justice, résultant du fait de l’avoir induite en erreur. En d’autres termes, cet acte criminel est frappé de la sentence de destitution.

Pour Saint Thomas d’Aquin, il n’y a pas de parjure sans mensonge, mais le premier n’est pas une espèce du second ; il se greffe sur la faute du mensonge (pour le confirmer) par une nouvelle faute distincte contre toute atteinte à l’honneur de Dieu.

Le mensonge est un dire qui met en cause les rapports de l’homme au vrai, au bon usage du langage et à autrui.  Lorsque la vraisemblance de ce dire vacille du fait de la fiabilité (morale) ou de la finitude (ontologique) de celui qui s’exprime, on a recours au serment comme à un supplément de force demandé au Divin témoin (qui ne peut mentir et à qui rien n’est caché).  Le mensonge est une faute contre l’ordre établi dans la société des hommes, alors que le parjure est une faute contre la révérence que nous devons à Dieu.

Le mensonge contre-nature   « Quand Dieu fit la promesse à Abraham, comme il ne pouvait prêter serment par quelqu’un de plus grand que lui, il prêta serment par lui-même » (Hébreux 6,13).  Pour l’homme, les Écritures semblent dire deux choses contradictoires concernant le serment. Dans le second commandement, elles interdisent de prononcer le nom de Yahvé à l’appui du mensonge. ‘’Tu n’invoqueras pas le nom du Seigneur ton Dieu pour le mal, car le Seigneur ne laissera pas impuni celui qui invoque son nom pour le mal’’ (Deutéronome 5,11) ;  puis au chapitre suivant, elles demandent de prêter serment par Son Nom  ‘’Tu craindras le Seigneur ton Dieu, tu le serviras, c’est par son nom que tu prêteras serment’’ (Deutéronome 6, 13).  Dans son sermon sur la montagne, Jésus explique cette contradiction qui n’en est pas une.

Le mensonge vu par les auteurs antiques  La définition, que Stobée et Nigidius ont donnée du mensonge, reflète la perception que les auteurs anciens en avaient. Tous les deux font la différence entre ‘’mentir’’ et ‘’dire un mensonge’’. Dans Eclogae II.7, Stobée écrit : ‘’Mentir ne consiste pas à dire quelque chose de faux, mais à dire le faux en mentant et en vue de tromper un proche’’. Il démontre que celui qui ment ne se trompe pas, parce qu’il veut tromper, aussi celui qui dit un mensonge est lui-même trompé.

Platon et le mensonge. Dans la  »République », il distingue deux sortes de mensonge, le mensonge véritable ou vrai et le mensonge en paroles.

Autres Citations

  • Maria Valtorta  (mystique catholique 1897-1961).  Celui qui sent le besoin de faire un serment, c’est que déjà il n’est pas sûr de lui-même ni de l’opinion du prochain à son égard. Ainsi cette habitude du serment est une conséquence de la malhonnêteté de l’homme.  Et c’est une honte pour l’homme. Double honte car l’homme n’est même pas fidèle à cette chose honteuse qu’est le serment en se moquant de Dieu avec la même facilité qu’il se moque du prochain, il arrive à se parjurer avec la plus grande facilité et la plus grande tranquillité. Peut-il y avoir une créature plus abjecte que le parjure ?  C’est un traître, car par son serment il promet une chose qu’il ne veut pas tenir.  C’est un homicide parce que, soit il tue l’honneur de son semblable en lui enlevant par son faux serment l’estime du prochain, soit il tue sa propre âme, car celui qui est parjure est un abject pécheur aux yeux de Dieu, qui voit la vérité même si personne d’autre ne la voit. Ne faites jamais de serment. Voilà pourquoi Moi, à l’ordre qui a été donné, … je substitue un autre ordre. Je ne dis pas comme les anciens : « Ne vous parjurez pas, mais soyez fidèles à vos serments » , mais je vous dis : « Ne faites jamais de serments, ni au nom du Ciel qui est le trône de Dieu, ni par la terre qui est l’escabeau de ses pieds, ni par Jérusalem et son Temple qui sont la cité du grand Roi et la maison du Seigneur notre Dieu.’’    ‘’Que votre oui soit ouiQue votre parlé soit oui, si c’est oui, non si c’est non. Rien de plus. Ce que vous dites de plus, c’est votre esprit (malin) qui vous le suggère parce que ne pouvant tout retenir, vous tombez dans le mensonge, et on vous bafoue, et vous vous faites une réputation de menteur.’’
  • La marquise de Lambert   L’avis d’une mère à sa fille (1726), ‘’la seule parole d’une honnête personne doit avoir toute l’autorité des Serments’’, et à son fils (1726), ‘’Il n’y a point de condition si mauvaise qui n’ait un bon côté : chaque état a son point de vue, il faut savoir s’y mettre ; ce n’est pas la faute des situations, c’est la nôtre.’’
  • Cicéron  (106 av. JC – 43 av. JC)  La seule parole d’un honnête homme est un contrat, et doit avoir toute l’autorité du serment. ‘’Celui honnête homme est un contrat, et doit avoir toute l’autorité du serment. ‘’Celui qui a l’habitude du mensonge a aussi celle du parjure’’. ‘’Prêter serment, c’est mettre son âme en péril. Ne faîtes jamais un serment à moins d’être capable de mourir plutôt que de vous parjurer’’. ‘’Si quelqu’un se parjure, qu’il s’attende à l’opprobre de la part des hommes, au châtiment de la part de Dieu ; il pourra se cacher des hommes, il n’échappera point à Dieu’’. Cicéron met le mensonge sur le même plan que celui du parjure et les condamne tous les deux : ‘’Quelle différence y-a-t-il entre un parjure et un menteur ? Un homme accoutumé à mentir se parjure aisément. Celui que je puis engager à mentir, je le déterminerai sans peine à se parjurer.’’
  • Ambroise Rendu (1778-1860)   Le traité de morale (1834) : ‘’Si le serment vous est demandé, vous le prêterez légitimement pour deux causes : ou pour vous délivrer d’une accusation honteuse, ou pour tirer vos amis du péril ; mais dans une question d’argent, eussiez-vous la vérité pour vous, n’attestez point la Divinité’’.

Thomas d’Aquin (1225-1274) et la définition théologique de serment et parjure  De toute évidence, Thomas d’Aquin n’est pas le premier théologien à poser le problème du rapport entre serment, mensonge et parjure.  Le grand maître dominicain a consacré une quaestio tout entière de sa Summa theologiae à la définition et à l’usage du serment. Pour lui, iurare est implorare testimonium Dei.  Dieu manifeste la vérité et punit le mensonge. Mais pourquoi,  – s’interroge Thomas d’Aquin –  les hommes ont-ils besoin du serment ?  C’est le manque de confiance réciproque qui rend parfois nécessaire la garantie divine, mais son usage doit être limité. Il n’y a rien d’illicite dans le serment, mais il peut être dangereux quand on en fait un mauvais usage et surtout parce que l’homme se commet trop souvent en parjure, ce qui est toujours et en tous cas péché mortel.  Serment et parjure : le parjure est un mensonge confirmé par un serment, or celui qui prononce un serment s’engage à dire la vérité.

3 –  Le serment et sa renonciation

Peut-on jurer sur quelque chose de sacré ?  L’essence du mensonge n’est ni dans l’intention de tromper, ni dans le fait de dire faux, mais dans la contradiction de l’âme avec son langage. Ment celui qui pense une chose en son âme et en exprime une autre par des paroles ou par des signes.

Définition du serment   Le mot serment, vient du latin sacramentum, qui veut dire sacré. C’est une affirmation particulière, ou une promesse solennelle faite en invoquant un être ou un objet sacré, en tout état de cause une valeur morale reconnue, comme gage de bonne foi.  Prononcé en public, le serment est garant de la sincérité et de la fidélité de celui qui l’émet vis-à-vis de ceux qui le reçoivent. Il est pratiqué dans toutes les sociétés humaines, à travers les âges et civilisations. Le serment engage donc celui qui le prononce d’une manière définitive, avec l’impossibilité de revenir, sans parjure, sur l’engagement contracté initialement. Rompre le Serment c’est une imprécation, soit le blasphème, l’injure ou la malédiction. Etre parjure c’est être traitre à la parole donnée, c’est faire un acte de trahison par une rupture du Serment prêté.

Le serment et sa renonciation par le parjure depuis l’antiquité à nos jours.  Source : Hervé Tremblay, OP. Collège dominicain de philosophie et de théologie, Ottawa.  Les vieilles communautés, qui ne disposaient pas de moyens de communication (les médias d’aujourd’hui), fonctionnaient verbalement. La parole occupait donc une place centrale prise en tant que source d’engagement et d’instruction y compris de renseignement, où les acteurs sont soit les témoins lors d’un procès, les éclaireurs de l’armée, ou encore les messagers. En conséquence, la notion de vérité était essentielle. Mais ces sociétés n’avaient pas toujours le moyen de vérifier la véracité des annonces et des propos tenus, si bien que la personne avait recours au serment pour appuyer ses dires. Il s’agissait de prendre à témoin la divinité ‘’Que tel dieu me fasse ceci ou cela si ce que je dis est faux !’’, la croyance en la divinité ne manquerait pas de punir celui qui briserait son serment.

Extrait, ‘’Le risque du parjure’’ à l’époque carolingienne.  Revenons à la possibilité de parjurer, voire d’y inciter. L’idée couramment avancée est que le serment purgatoire (la preuve est essentiellement faite par serment purgatoire par lequel l’accusé jure qu’il est innocent) était tellement facile à prononcer qu’on assistait à une multiplication de faux serments. Commençons par voir ce qui nourrit l’affirmation selon laquelle les parjures étaient récurrents, contre lesquels les rois carolingiens durent réagir. C’est l’évêque d’Orléans Théodulf (755-820) qui s’inquiétait, au début du IXe siècle, de la légèreté des peines appliquées aux parjures, voire l’impunité assurée à ceux qui livraient un faux témoignage. En fait, le problème du parjure n’était pas spécifique à une époque du Moyen-âge plus qu’à une autre. Il était déjà évoqué dans la Bible et saint Augustin s’en préoccupait aussi. Le parjure est, ni plus ni moins, inhérent à la pratique du serment. Chaque époque a trouvé des réponses différentes afin de contrer ce risque. L’une d’elles n’aurait-elle pas précisément consisté à limiter sa prestation ?  Il est tout à fait évident en revanche qu’à la période féodale les mentions de serment sont beaucoup plus fréquentes. Mais cela signifie-t-il qu’il était prononcé plus souvent ?  Outre la réserve exprimée plus haut, deux remarques s’imposent.  Le serment est en effet associé, souvent assez explicitement, au duel judiciaire ou à l’ordalie. Qui s’engage à prêter le serment prend le risque que la partie adverse le déclare faux et jette le gage de bataille.  De la sorte, le parjure se découvrait. La législation carolingienne avait prévu la sanction dans le cas du duel judiciaire.

Plus avant, remontons jusqu’à la Genèse.  La pratique du serment remonte à la nuit des temps. Le premier serment biblique ne s’est pas fait sur une Bible, mais sous la cuisse d’Abraham !  C’est dans le livre de la Genèse, au chapitre 24, que l’on découvre, pour la première fois, la pratique du serment ‘’Abraham était vieux, avancé en âge ; et l’Éternel avait béni Abraham en toute chose. Abraham dit à son serviteur, le plus ancien de sa maison, l’intendant de tous ses biens : Mets, je te prie, ta main sous ma cuisse ; et je te ferai jurer par l’Éternel, le Dieu du ciel et le Dieu de la terre, de ne pas prendre pour mon fils une femme parmi les filles des Cananéens au milieu desquels j’habite, mais d’aller dans mon pays et dans ma patrie prendre une femme pour mon fils Isaac. (…) Le serviteur mit sa main sous la cuisse d’Abraham, son seigneur, et lui jura d’observer ces choses’’ (Genèse 24, v 1-4 ; 9).  Une main sous la cuisse ?  Un geste étrange, qui semble pourtant bien ancré dans les mœurs de l’époque, puisque Jacob, sur son lit de mort, fera de même avec son fils Joseph (Genèse 47, v 29).  Selon le site Bibliques.Com, dans la Bible ’’la cuisse est souvent l’euphémisme pour parler des parties génitales et il s’agirait en fait de les prendre dans la main’’.   On a pu dire qu’il s’agissait de rendre le serment plus solennel en mettant en jeu la force virile, le pouvoir de vie de l’homme :  ‘‘Que je perde le pouvoir d’engendrer la vie si je manque à mon serment’’. Cependant le geste a probablement davantage le sens de prendre Dieu à témoin à travers le contact avec un objet, qui indique sa présence parce que marqué du signe concret de l’Alliance entre le Dieu d’Israël et les hommes : la circoncision. Cette coutume de rendre Dieu présent, et donc témoin de la prestation de serment, était attestée dans le monde antique, notamment à Babylone ; n’est-elle pas d’ailleurs ce qui sous-tend encore aujourd’hui le geste de jurer sur la Bible ?

4 –  Le parjure et la confiance

Quelles implications, pour celui qui se parjure ?  Premièrement, pourquoi faire confiance ?   La confiance repose sur une notion impliquant quelque chose d’instinctif voire d’affectif. La confiance en soi ayant pour fondement l’amour lié à l’attachement, au sens éthologique du terme, c’est-à-dire au besoin vital de contacts dès les premiers instants de la vie. Ainsi confiance et loyauté sont-elles synonymes. Le terme recouvre alors la fidélité, l’exactitude à tenir une promesse. La confiance et la peur, qui sont à l’origine des expériences primaires de tout être humain, constituent les clés essentielles pour comprendre les personnes et les systèmes sociaux. Quand la confiance est élevée, les individus fonctionnent bien dans le régime social ; en revanche quand la peur prend le dessus, ils tombent en panne et courent le risque de l’autodestruction. La peur non comprise conduit souvent au repli sur soi, au rejet de l’autre, au mensonge et à des choix destructeurs. La confiance libère la créativité et permet de focaliser son énergie sur la création et la découverte de soi et des autres.

La confiance et le lien de l’estime de soi selon Will Schutz   L’estime de soi est le sentiment éprouvé à l’égard de soi-même en fonction de l’écart perçu par le sujet entre la personne qu’il pense être et la personne qu’il aimerait être.  La quête individuelle de chaque être humain consisterait à développer des relations humaines dans le but de se sentir important, compétent et aimé dans la mesure qui lui convient le mieux.

Mon expérience me dicte ceci. Le parjure (l’individu) qui n’inspire plus confiance, est donc bien sûr rejeté parce que le lien entre la collectivité et lui est rompu ; il passe de fait de l’être accepté, écouté au paria rejeté en lequel il ne faut plus faire confiance. Sa vie physique et sa confiance en lui sont complètement bouleversées, aussi bien que sa vie communautaire, associative, et même familiale, car on le reconnaît comme parjure qui s’est parjuré ouvertement en présence du groupe.  La confiance pose la question de l’amour et d’une interrogation sur sa position dans la société et dans sa vie publique.

La confiance au sein de la vie sociale et des collectivités    Aujourd’hui la confiance entre un manager et ses équipes est une condition indispensable à la gestion de tous organismes privés ou de l’espace public. Il est essentiel de bâtir cette confiance en misant sur une communication interne efficace. Les collaborateurs doivent savoir mais surtout être convaincus que le manager a la capacité de faire en sorte que l’entreprise réussisse. La recherche de confiance prend une large place dans les démarches du manager ou du chef avec toutes les personnes du groupe, pour leur inspirer pleine confiance par sa tenue, ses compétences, sa loyauté, ses actes, ses discours, son jugement, son aptitude à montrer l’exemple ; tel est l’objectif du meneur, du leadeur. A contrario, si ce leadeur est soupçonné de n’être pas loyal, d’être parjure, et bien la confiance est perdue et plus périlleuse sera-t-elle à être regagnée…

5 –  Le parjure et la corruption

Depuis le XXe siècle on jure pour tout, sur tout et à tout va, hélas.  Qu’est la corruption ?  C’est l’acte d’un citoyen, un agent public, une autorité, un responsable d’affaires,… de tous ceux qui convoitent l’acquisition frauduleuse d’une fonction, d’une somme d’argent indue, l’obtention d’un avantage ou encore un intérêt illicite, le tout par procédé illégal.   Plus généralement, c’est aussi l’usage falsifié et abusif du pouvoir dont on est investi pour obtenir un profit à des fins personnelles. Transparency international définit la corruption comme le détournement à des fins privées d’un pouvoir reçu en délégation.

Parjure et corruption sont étroitement liés et attachés aux conséquences. Se rendre parjure, sur des motifs objectifs ou divers, c’est ne plus reconnaître la parole donnée ou dénoncer la promesse faite sous serment, que ce soit principalement par intérêt ou pour raison morale. Mais, la morale direz-vous dans cette situation, où est-elle ?  Et s’il était question de raison politique…. ?  Et bien oui, c’est bien souvent le cas lorsque l’homme renonce à ce qu’il croit être juste à un instant T, et le temps passant il se disperse pour prendre une autre direction par raisonnement, amour, peur, conviction, sous la pression, etc.  L’homme ne peut ou ne veut pas lutter, sauf quelques-uns qui préfèrent la mort au parjure dans des circonstances particulières.  La corruption dans ces conditions est cachée et inavouable. De nos jours, bon nombre d’hommes ou de femmes politiques se parjurent officiellement, ouvertement et devant leurs maitres droit dans les yeux, droit dans leurs bottes, ils jurent n’être pas corrompus par des pots-de-vin, par des jeux de passe-passe, permettant à d’autres corrompus d’user de ce système si bien rodé. Bien souvent la chaine est rompue par des divulgations, de la jalousie, des conflits d’intérêts divergents, mais aussi par vengeance ; et là l’individu parjure confronté à la corruption avoue sous (serment) être corrompu, être malhonnête, et il se retire en attendant le verdict. La justice passe, la sentence tombe, et l’intéressé est mis à l’index et plonge dans un profond tunnel d’où il doit ressortir. Dans les projets de grande envergure à l’échelon d’un continent ou international, les dossiers industriels, financiers, santé, production et exploitation de toute nature, …. ou tout simplement de contrats dits juteux font l’objet d’une corruption omniprésente ouvertement dénoncée. Cette situation est malheureusement constatée dans de nombreux pays, où le pouvoir en place amasse, au détriment des populations locales, les investissements à des fins détournées.  Hélas il semble impossible de changer le cours de ces malversations, parjures et corruption devenus le lot quotidien d’une société mondiale du profit réservé à quelques-uns.

Pour terminer sur ce vaste sujet, quelques réflexions

Le serment est étroitement lié à l’action de jurer et donc de se rendre parjure ; quant à la corruption morale, physique et intellectuelle, elle naît avec le parjure.  Pour ne pas être parjure et bien il ne faut pas jurer. Toute personne qui jure devant Dieu sur un Livre sacré, la tête de quelqu’un ou de ses enfants, par devant une assemblée, devant le drapeau, au sein d’une Fraternité, s’engage avec le cœur et l’esprit à ne pas TRAHIR. Son serment, sous peine de sanctions graves (mais la personne en est-elle vraiment consciente ?), entre dans un jeu de pouvoir, une lutte entre des camps, et le mal qui peut en résulter n’est pas pris en considération, seul l’égo compte ; Il faut de ce fait être convaincu d’appartenir à un ordre établi, à un ensemble qui reconnait les valeurs humaines et spirituelles. Prêter serment devant Dieu est un acte bien réfléchi qu’il faut mûrir, et ne pas s’aventurer dans ce sillon sans conviction.

Le parjure est bien, pour celui qui se rend parjure, la honte et la déchéance. Sa mise à l’index sera la suite de sa prise de risque, il devra assimiler son geste si toutefois il est sincère dans son for intérieur, et vivre avec ; car le parjure est un acte intéressé, à tel point que celui qui se parjure entame sa personnalité. Si cependant il se rend compte de ce qu’il fait, bien que fréquemment cet acte soit dirigé par des forces d’intérêt et de pouvoir, hélas l’intérêt personnel prime bien souvent sur l’intérêt de la collectivité !!   Tout dépend de la personne qui jure en son âme et conscience  (le mot conscience est là, et il faut s’en souvenir), puisque se parjurer c’est renier sa conscience ; ‘’science sans conscience n’est que ruine de l’âme vous connaissez’’ !!!    Cette citation de Rabelais est tirée de Pantagruel, son œuvre majeure. Rabelais était un sceptique, le fondateur du scepticisme moderne. Rabelais a écrit La sagesse ne peut pas entrer dans un esprit méchant parce que ‘’science sans conscience n’est que ruine de l’âme”. 

Chilon Philosophe (620 – av. JC)   Chilon de Sparte est considéré comme l’un des sept sages présocratiques. (VIe s. av. J.C.) C’est un philosophe à qui Pline l’Ancien attribue le fameux précepte ‘’Connais-toi toi-même’’ gravé sur le fronton de l’oracle de Delphes. Il mourut de joie en embrassant son fils vainqueur aux jeux olympiques.  Il précise ‘’Connais-toi toi-même. Rien de plus difficile : l’amour-propre exagère toujours notre mérite à nos propres yeux‘’.

Si tu es parjure tu ne te connais pas bien, aussi ne vaudrait-il pas la peine de méditer ce que dit Chilon,  connais-toi toi-même, et tu découvriras tes bassesses comme tes belles pensées.   L’homme est ainsi fait.

(Travail déposé sur le site en novembre 2019)