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De l’influence des saints

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De l’influence de certains saints dans les Rituels

et dans le titre distinctif des Loges

 par le comité de rédaction du Conseil de l’Ordre du Rite Ecossais Primitif
 Source …..systématiquement citées

Pour les Maçons du Rite Ecossais Primitif, et en d’autres Rites d’ailleurs, qui travaillent à la Gloire du Grand Architecte de l’Univers, la Bible revêt les particularités que nous avons abordées dans Les feuillets du Conseil d’Orient – Landmark, symbolique de la Lumière, valeur morale prise en tant que témoin des serments prêtés – si bien que : tant pour le Maçon non assidu à une religion bien définie qui ne rejette toutefois pas la Bible, que pour celui non spirituel qui aura à la subir sans objection, a fortiori pour le chrétien et plus généralement tout croyant qui l’accepte, tous les membres de la Loge reconnaissent la Bible. Car la Bible est bien le grand témoin de nos Travaux en Loge. Ce contexte biblique nous conduit évidemment à aborder l’influence de certains saints qui nous interpellent durant les travaux rituels.

En effet, les deux saints JEAN sont ‘‘les deux grands patrons’’ de la Franc-Maçonnerie en de nombreux Rites, pour diverses raisons que nous avons citées.

C’est ainsi que saint Jean a fourni une appellation identitaire aux ‘‘Loges de saint Jean’’ – lesquelles ont aussi le label de ‘‘loges bleues’’ hors le REP – et à certaines cérémonies communes à bien des Obédiences, qui les ont dénommées pour la circonstance ‘‘Tenue ou Banquet de la saint Jean’’, celles-ci étant célébrées aux deux Fêtes solsticiales.

Les Rituels du Rite Ecossais Primitif, qui comprennent les règles (Landmarks) définies ci-avant, font référence à plusieurs saints :

  • Jean l’Evangéliste, patron des ouvriers en métaux,
  • Jean-le-Baptiste, patron des écrivains et des imprimeurs,

dont :

le premier, parce qu’appelé aussi ‘‘Apôtre’’ donne à l’institution son image d’érudit ayant vocation à délivrer la transmission d’un enseignement des outils aux Maçons opératifs d’hier et aux Maçons spéculatifs d’aujourd’hui en recherche de Connaissance,

et le second Jean appuie son influence dans la voie initiatique pour les néophytes en quête de Vérité ;

  • THOMAS, dont le nom a été retenu notamment par les partisans jacobites pour dénommer les premières Loges écossaises en terre de France, en mémoire des persécutions subies par saint Thomas de Canterbury assassiné après un conflit qui l’opposa au roi Henri II d’Angleterre.

L’hommage rendu à ces saints, qui avait pris naissance chez les bâtisseurs médiévaux, a largement été suivi par les Confréries et les Corporations de Métiers. L’invocation aux saints a été adoptée par les premiers Ordres qui ont trouvé toute protection divine rendue légitime par la mission de reconstruction du Temple de Salomon. Il en fut ainsi pour les Ordres dits hospitaliers et chevaleresques, tels l’ ‘‘Ordre de Saint Jean de Jérusalem’’ et l’ ‘‘Ordre du Temple’’ dénommé ‘‘Milice des Pauvres Chevaliers du Christ’’ plus connu sous le nom de ‘‘Chevaliers du Temple’’.

C’est ainsi que les textes bibliques ont inspiré les rituels des grades symboliques adoptés par les loges opératives johanniques. Cet usage, à l’origine avait pris appui sur les Ecritures néotestamentaires, et s’est poursuivi dans la Franc-Maçonnerie dite spéculative, au sein de laquelle les Maçons dénommés  »Anciens et acceptés », constituant le corpus maçonnique et donc johannique, ont perpétué sous l’autorité du Maître de Loge l’invocation aux saints des évangiles dans leurs Travaux, placés sous les auspices de la toute puissance sublimée du Grand Architecte de l’Univers.

Aux trois grades symboliques pratiqués dans les Loges de saint Jean, se sont ajoutés des degrés de perfection appelés ‘‘Hauts-Grades’’, pour lesquels le chevalier de Ramsay, baronnet d’Ecosse, fut l’ardent défenseur d’une maçonnerie aux sources christiques puisées au-delà des frontières des trois royaumes de Grande-Bretagne et celui de France pour remonter le temps jusqu’à la destruction du Temple de Jérusalem, sa reconstruction et la protection des pèlerins prises en charge par l’Ordre du Temple.

Nous assistons dès lors à la création de nouveaux Grades, dont leur écriture trouvera une nouvelle fois une inspiration dans les textes bibliques d’une part, mais également sous l’effet de l’exil des Chevaliers de l’Ordre du Temple en terre écossaise d’autre part.

A cet égard, nous rappelons que Le Forestier confirme la création au XVIIIsiècle de plusieurs grades qui ont pris pour nom ‘‘Chevalier Ecossais’’, dont l’appellation a subi des variantes selon les rites : Chevaliers de Saint André, Ecossais de Saint André, enfin de ‘‘Maître Ecossais Chevalier de Saint André’’, cinquième grade du REP et également quatrième grade au RER.

Dans la suite de ses dignes prédécesseurs – les Chevaliers du Temple –, le Rite Ecossais Primitif, qui figure parmi les Ordres de Chevalerie (de même que le Régime Ecossais Rectifié), se plaçait sous la protection du saint patron de l’Ecosse adopté par les Ecossais : l’Apôtre ANDRE.

Alors que les deux saints Jean sont invoqués au titre du patronage des Bâtisseurs, l’Evangéliste étant dit ‘‘Apôtre’’ d’une part, et le Baptiste étant dit ‘‘Précurseur’’ d’autre part, André quant à lui revêt une qualité de protecteur qui lui est propre : il est dit Introducteur.

Mais, qui est André ? Il est le deuxième apôtre cité par Matthieu et Marc et dans la tradition ecclésiastique, il est défini ‘‘Protoklite’’ (ou premier appelé). Au Moyen-âge, saint André est identifié comme celui qui est l’introducteur auprès du Christ de par son rang de premier, le ‘‘protoclat’’, de protocletos : le premier à reconnaître la Nouvelle Loi.

D’abord disciple du prédicateur Jean-le-Baptiste, il entreprend de grands voyages pour devenir l’évangélisateur des territoires qu’il parcourt et dans lesquels il occupe la charge d’intermédiaire partout où il passe afin de prêcher la bonne nouvelle.

André est considéré, selon les évangiles ou la tradition, comme le saint patron de l’église roumaine (également premier évangélisateur et l’un des plus importants saints de l’orthodoxie roumaine) et celui de la marine russe. Il a donné son nom à la basilique de Patras (qui retrouva grâce au pape Paul VI son crâne estimé comme l’une des quatre plus importantes reliques de la basilique saint-Pierre de Rome), à l’Eglise de Constantinople, à l’Ukraine qui l’a défini comme le premier évangélisateur de Kiev et la Russie le retient pour incarner son ordre le plus prestigieux, l’ordre impérial de Saint-André.

Toujours à l’étranger il est encore glorifié par les églises et cathédrales en Andalousie, Italie, Hanovre, Hongrie, Westphalie,… Après saint Pierre et saint Paul, saint André est l’apôtre qui a donné son nom à un grand nombre d’églises en France. Il est le patron des pêcheurs de poissons d’eau douce, des poissonniers et des cordiers.

Enfin, André est le saint patron de l’Ecosse qui a donné son nom à une Université et à un très grand nombre de loges maçonniques du pays.

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L’attribut de saint André est la croix à branches égales (en forme de X), dite croix de saint André. En Ecosse, la vénération de saint André est donc représentée par une croix en deux branches égales, qui est la figuration de son martyr et il est vraisemblable que cette croix rappelle le possible passage d’une partie des ossements de l’apôtre en terre écossaise, où de son vivant il n’a jamais mis les pieds. A tel point, que le drapeau de l’Écosse a pris pour emblème une croix en forme de X (croix de saint André) blanche sur fond bleu.

Dans l’histoire des Peuples, ce serait là l’un des plus vieux drapeaux du monde, qui tient sa légende d’une bataille entre les Gaëls contre les Angles sous le roi Athelstan, durant laquelle le roi Oengus II, dit King Angus, encerclé se mit à prier pour la délivrance de ses troupes. Dans la nuit, saint André lui apparut et l’assura de la victoire. Le lendemain, un sautoir blanc sur un fond de ciel bleu apparut des deux côtés et encouragea les Pictes et les Gaëls, mais fit perdre confiance aux Angles qui furent battus. La croix de saint André devint selon cette légende le drapeau des écossais, et les preuves de l’utilisation de ce drapeau remontent au Moyen-âge.

Saint André est également honoré en Franc-Maçonnerie et précisément au Rite Ecossais Primitif (de même qu’au Rite Ecossais Rectifié), où il occupe une place déterminante puisqu’il s’agit d’un grade qui lui est propre et qui suit immédiatement le dernier grade symbolique (Maître-Maçon) des loges de saint Jean et le quatrième grade dénommé Maître de saint Jean (Maître de Loge ou Vénérable).

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Donc, dans l’échelle des grades du REP, saint André ouvre les Ateliers dénommés ‘‘Loges de Saint André’’ avec le cinquième grade de Maître Ecossais Chevalier de Saint André. Nous savons que le Rite Ecossais Primitif a pris souche dans les Rituels en usage par les Loges des Régiments Ecossais et Irlandais qui tinrent garnison en France, lesquels rituels s’appuyaient sur une rituélie en sept grades de la Maçonnerie Ecossaise d’Edimbourg, dont un émigré Jacobite, George Duvalmon (ou de Valmonle, ou encore de Walnon) fonda à Marseille le 27 août 1751 la ‘‘Loge Saint Jean d’Ecosse’’. C’est de la fondation de cette loge, qui prit onze ans plus tard le nom de Mère Loge Ecossaise de Marseille, dont le rayonnement fut confirmé par une trentaine de loges qui lui étaient affiliées, que le REP tient sa filiation du jacobite George de Walnon muni de pouvoirs en provenance d’Edimbourg datés du 17 juin 1751.

Outre ces origines militaires, le Rite Ecossais Primitif s’est inspiré de la source chevaleresque issue des cérémonies de l’ordre de Saint-Lazare, dont le nom hébreu Lazare, alias Eléazar (le ressuscité comme le Phénix renaissant de ses propres cendres) dérive du grec Andrôs et d’Alexandrôs, qui en grec a donné Andreas en latin.

Si nous savons que saint André est évidemment le patron des Maçons Ecossais, il faut rappeler la victoire du roi Robert Bruce le 24 juin 1314, à la Bataille de Bannockburn, où il semblerait que les troupes d’Edouard II roi d’Angleterre étaient battues grâce à la complicité des Chevaliers du Temple. Ces chevaliers n’ayant plus de nom depuis leur condamnation pontificale et pour les récompenser, Robert Bruce les constitua en Ordre de Saint André du Chardon. Le chardon étant, par ailleurs, l’emblème de l’Ecosse, et saint André, apôtre, l’évangélisateur de toutes les contrées, même s’il n’avait jamais mis les pieds en Ecosse. A noter également que ‘‘Chevalier du Chardon’’ correspond au quatrième grade du Chapitre de Clermont, qui affirme que le roi d’Ecosse David II avait créé le titre de l’Ordre de Saint André et décrété que les Chevaliers seraient de droit membre de l’Ordre du Chardon.

Et l’on revient aux sources citées ci-avant.

Au Rite Ecossais Primitif, le Maître Ecossais Chevalier de Saint André donne accès à la Loge Chapitrale qui s’inscrit dans la phase intermédiaire avant d’accéder à la phase finale qui ferme sa rituélie au Grade de Chevalier du Temple.

Le Rituel de ce cinquième Grade a pour vocation de :

  • distinguer les deux lectures vétérotestamentaire et néotestamentaire
  • de relier les deux enseignements de la tradition maçonnique au travers de la symbolique des Loges de saint Jean et de celle des Loges de saint André,

aux accents, à tous les Grades, d’un ésotérisme chrétien affirmé sans équivoque.

C’est pourquoi les Maçons, qui gouvernent une Loge Chapitrale du Rite Ecossais Primitif, se doivent de mettre en exergue auprès de tout postulant les fondations de la Nouvelle Alliance au titre d’une spiritualité christique, laquelle a fortement imprégné une rituélie imposant le renouvellement d’une prestation de serment.

S’agissant plus spécifiquement des dispositions mises en œuvre par les Jacobites, nous rappelons la filiation chevaleresque en l’Ordre de saint André d’Ecosse, dont Jacques II Stuart procéda à sa réouverture à Saint-Germain-en-Laye en 1689 (au sujet de laquelle vous trouverez par ailleurs la succession des affiliés à l’Ordre en page 254 de notre Livre I ‘‘Rite Ecossais Primitif – un rite de tradition’’).

Enfin, nous terminons cette étude par deux éléments tirés du rituel de ce cinquième grade, afin de limiter volontairement son contenu au lecteur qui ne serait pas encore rattaché à une Loge de saint André :

  • le Bijou du Chevalier de saint André est garni sur l’une de ses faces de la représentation de saint André sur sa croix. A cet égard, il convient de remarquer 349197737l’exposé du Grand Maître Robert Ambelain, dont les propos sont repris dans le deuxième tome de notre édition ;
  • à partir d’une citation du catéchisme de saint André, nous relevons la citation suivante : ‘‘Au temps des Croisades, dans la prise de Jérusalem sur les Infidèles et la défense des Chrétiens en Palestine, les Chevaliers de Saint André servirent avec beaucoup de succès’’.

En complément de cet exposé, nous invitons le visiteur de notre site à la lecture d’un Travail écrit par un Maître Parfait Ecossais Chevalier de Saint André (volet Morceaux de Textes choisis : Saint André, archétype du Maçon Ecossais Primitif ?).

(Document déposé sur le site du Rite Ecossais Primitif en décembre 2013)

1 réponse à “De l’influence des saints”

  1. Avatar de Subrini -Philippe

    UNE PETITE ERREUR : "Jean-le-Baptiste, patron des écrivains et des imprimeurs, "

    Une lettre patente du 15 septembre 1467 qui nous confirme bien la présence d'une confrerie (Des metiers du Livre) sous le vocable de saint Jean l’Evangéliste – Puis par la suite Saint-Jean Porte Latine.

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