Accueil » Les chroniques écossoises » Les premiers Grands Maîtres et les Anciens Devoirs

Les premiers Grands Maîtres et les Anciens Devoirs

Les chroniques écossoises du REP

introchroni
 Thème

Les premiers Grands Maîtres et

..les Anciens Devoirs de la Franc-Maçonnerie française..

RENAISSANCE TRADITIONNELLE n° 134 –.avril 2003 (extraits)

 Source

Extraits de la Chronologie des Grands Maîtres

dressée par Claude Antoine Thory.

.selon l’ouvrage Acta Latomorum, accessible chez Google

      Les plus anciens Devoirs et Règlements de la Franc-Maçonnerie figurent dans un document d’archive conservé par la Grande Loge de Suède. Ce document est considéré comme le plus ancien document authentique de la Maçonnerie française. Il a servi l’étude d’Etienne Fournial publiée dans le numéro de la Revue Renaissance Traditionnelle ci-dessus citée.  Cette étude comprend :

  • Les Devoirs de tous les Francs-Maçons en six articles
  • Les règles générales de la Maçonnerie en trente-sept articles
  • Les deux approbations de ces Règles et Devoirs données successivement par les Grands Maîtres Jacques-Hector Maclean en 1735 et Charles Radclyffe, comte de Darwentwater en 1736.

Sont reproduits, ci-dessous, le contenu des articles concernant les Devoirs :

I. LES DEVOIRS ENJOINTS AUX MACONS LIBRES

Extraits des anciens registres des Loges, à l’usage de celles de France, qui doivent être lus à la réception d’un Frère et lorsque le Maître de la Loge le jugera à propos.

Art. 1er – EN CE QUI REGARDE DIEU ET LA RELIGION

Un Maçon libre est obligé par son état de se conformer à la Morale, et s’il entend bien l’Art, il ne sera jamais un athée, ni un libertin sans religion. Quoique dans les siècles passés, les Maçons étaient obligés d’être de la religion du pays où ils vivaient, depuis quelques temps on a jugé plus à propos de n’exiger d’eux que la religion dont tout chrétien convient, laissant à chacun leurs sentiments particuliers, c’est-à-dire d’être bons frères et fidèles, d’avoir de l’honneur et de la probité, de quelque manière qu’ils puissent être distingués d’ailleurs ; par ce moyen la Maçonnerie devient le Centre et l’Union d’une amitié solide et désirable entre des personnes qui, sans elle, seraient pour toujours séparées les unes des autres.

Art. 2 – EN CE QUI REGARDE LE GOUVERNEMENT CIVIL

Un Maçon, partout où il travaille ou réside, doit être soumis à l’autorité civile et ne doit jamais se trouver dans des complots opposés à la paix et à la tranquillité d’un royaume, ni être désobéissant aux magistrats inférieurs car, comme la Maçonnerie a toujours souffert par les guerres et effusions de sang qui naissent des discordes, les rois et les princes du temps passé ont été fort disposés à favoriser les Maçons libres experts par rapport à leur fidélité et subordination, en vertu de laquelle ils ont renversé et détruit les attentats de leurs ennemis et augmenté la gloire de la Fraternité en la faisant triompher et montrer son éclat en temps de paix de sorte que si un Frère était rebelle à l’Etat, il ne doit point être soutenu dans sa rébellion, mais l’on peut et l’on doit le plaindre comme un infortuné et tâcher de le ramener à son devoir ; quoique la Fraternité doive détester sa rébellion, on ne peut cependant pas l’exclure de la Loge, s’il n’est convaincu de quelque crime qui regarde la Maçonnerie, car autrement son droit d’entrée et ineffaçable.

Art. 3 – EN CE QUI REGARDE LES LOGES

La Loge est un lieu sacré où les Maçons s’assemblent pour travailler, c’est pour cela que cette assemblée de Maçons dûment composée est appelée Loge.

Chaque Frère doit être membre d’une Loge et être subordonné à ses règles générales et particulières. Elle est ou générale ou particulière et l’on ne saura bien ce qu’elle est qu’en la fréquentant. L’on ne pouvait autrefois s’en absenter lorsqu’on était averti de s’y trouver sans encourir une censure très sévère, à moins que le Maître ou les Surveillants de la Loge ne l’aient jugé excusable. Ceux qu’on admet membres d’une Loge doivent être d’une grande fidélité, d’une naissance libre et d’un âge raisonnable ; un esclave ou un homme de mœurs scandaleuses et reprochables ne peut être admis dans la Fraternité. Les femmes en sont aussi exclues, mais ce n’est qu’à cause des effets que leur mérite ne produit que trop souvent entre les meilleurs Frères.

Art. 4 – EN CE QUI REGARDE LES MAITRES, SURVEILLANTS, EXPERTS ET APPRENTIS

Toute promotion parmi les Maçons libres est fondée sur le vrai mérite personnel, afin que chacun d’eux s’attache à son devoir, et que la Société se soutienne avec honneur. Pour cette raison, on choisit les Maîtres et Surveillants pour leur mérite et non selon leur rang. Il est impossible de définir ces choses par écrit : ainsi chaque Frère étant à sa place doit être attentif et les apprendre d’une façon particulière à cette Fraternité. Les postulants doivent savoir qu’aucun Maître ne peut recevoir un Apprenti sans avoir un emploi à lui donner et sans qu’il soit un homme exempt de défaut de corps qui peut le rendre incapable d’apprendre l’Art. Il doit aussi être descendu de parents d’honneur et de probité, afin qu’étant d’ailleurs qualifié, il puisse par la suite parvenir à l’honneur d’être Surveillant, Maître de Loge, Grand Surveillant, et peut-être enfin à la dignité de Grand Maître. Aucun Frère ne peut être Surveillant sans qu’il ait fait les fonctions d’Expert, ni Maître sans avoir officié comme Surveillant, ni Grand Surveillant sans avoir été Maître d’une Loge, ni Grand Maître sans avoir été Grand Surveillant avant son élection. Il doit aussi être né d’une condition distinguée, ou un gentilhomme de bonne famille, ou un homme de lettres ou un Frère habile en architecture, ou en quelque autre art et qu’il soit d’un rare mérite selon l’opinion de ceux des Loges.

Le Grand Maitre a pouvoir de choisir son Député Grand Maître, qui doit être ou avoir été Maître d’une Loge particulière, à moins qu’il ne le soit par une dispense, et il a le privilège de faire tout ce que le Grand Maître ferait, à moins qu’il ne soit présent ou qu’il ne conserve son autorité par une lettre.

Les régisseurs et gouverneurs suprêmes et subordonnés de l’ancienne Loge doivent être obéis chacun dans leurs fonctions par tous les Frères, selon les anciens Devoirs et Règlements, avec humilité, vénération, amitié et contentement.

Art. 5 – EN CE QUI REGARDE LA MANIERE DE SE COMPORTER EN TRAVAILLANT

Tout Maçon doit travailler avec une amitié fraternelle, obéir aux ordres de ses supérieurs et recevoir leurs gages sans jalousie et sans murmure, selon les anciennes Règles de la Fraternité qui doivent être connues à tous les Maîtres.

Art. 6 – EN CE QUI REGARDE LEUR MAINTIEN DANS UNE LOGE FORMEE

  1. Un Maçon libre ne doit point avoir des entretiens secrets et particuliers avec aucun sans une permission expresse du Maître, ni rien dire d’indécent ou d’injurieux, ni interrompre le Maître, les Surveillants ou quelque Frère parlant au Maître, ni se comporter avec immodestie ou risée pendant que la Loge est occupée de choses sérieuses et solennelles, ni rien dire qui ne soit convenable et digne de la qualité d’un Maçon, sous quelque prétexte que ce soit ; au contraire, on doit respecter le Maître, les Surveillants et les autres Frères. S’il y a quelque plainte faite contre un Frère, il doit se soumettre à la décision de la Loge qui sont les juges compétents des disputes de cette nature et auxquels on doit les référer, sans préjudice de l’appel qu’on peut faire après la Grande Loge ; mais on ne doit jamais porter les différends entre Frères en justice réglée sans une nécessité absolue.
  2. Quand la Loge est fermée et que les Frères ne sont pas partis, on doit jouir de la société les uns des autres avec une joie innocente et une harmonie inaltérable, éviter tout excès et écarter toutes piques et querelles et tout ce qui pourrait y donner lieu, particulièrement les disputes sur la religion, les nations et la politique.
  3. Quand les Frères se rencontrent hors de la Loge, ils doivent se saluer les uns les autres suivant les instructions qu’ils ont reçues et s’instruire mutuellement sans être vus, ni entendus, et sans manquer au respect dû à chaque Frère ne fût-il pas Maçon ; car quoique tous Maçons soient égaux comme Frères, la Maçonnerie n’ôte pas la déférence auparavant due au caractère du particulier, au contraire à la marquer dans l’occasion.
  4. Lorsqu’un Frère se trouve avec des personnes qui ne sont pas Maçons, il prendra garde de parler et de se comporter devant eux d’une manière qu’ils ne puissent pas découvrir ce qu’il ne leur convient pas de savoir, encore moins de pratiquer ; mais il convient quelquefois d’arranger prudemment son discours pour que les auditeurs apprennent à respecter cette honorable Fraternité.
  5. Si un Frère se trouve avec un Frère inconnu pour tel, il doit l’examiner avec précaution pur qu’un faux Frère ne puisse pas luien imposer et, s’il est tel, il doit le mépriser comme il le mérite et ne lui point donner aucune marque, ni indice de science ; mais s’il est véritablement Frère, il doit le respecter comme tel et l’aider selon son pouvoir s’il est dans le besoin.

Finalement, un Maçon doit exactement observer tous ces devoirs et ceux qui lui seront communiqués à l’avenir, cultiver l’amitié fraternelle, la base, l’aimant et la gloire de cette ancienne Fraternité, éviter toute discorde, médisance et calomnie, pas même souffrir qu’on médise ou qu’on calomnie aucun Frère sans défendre sa cause et soutenir son caractère, en lui rendant tout les services qui dépendront de lui.

Si quelque Frère injurie par malheur un autre Frère, il faut s’adresser pour en avoir satisfaction à la Loge ou à la sienne et, de là, faire appel à la Grande Loge, suivant l’ancien et louable usage de nos ancêtres dans tous les pays. Il ne faut jamais le poursuivre en justice ordinaire, que lorsque l’affaire ne peut être décidée autrement. Un Frère doit sur cela suivre les avis du Maître et autres Frères et s’arrêter à leur décision pour s’appliquer utilement à la grande affaire de la Maçonnerie, et éteindre toute colère ou rancune qui peut arriver contre son Frère pour substituer à leur place un renouvellement et une continuation de son amitié fraternelle pour lui, afin que le monde soit témoin de la force et de l’influence que la Maçonnerie a sur l’Esprit et le Cœur de l’Homme et que tous vrais Maçons ont éprouvé et éprouveront jusqu’à la fin des siècles. Ainsi soit-il.

II. REGLEMENTS GÉNÉRAUX   (pages 101 à 121 de ce numéro 134)

Modelés sur ceux donnés par le Très Haut et Très Puissant Prince Philippe, duc de Wharton, Grand Maître des Loges du Royaume de France, avec les changements qui ont été faits par le présent Grand Maître Jacques Hector Macleane, chevalier, baronet d’Ecosse, et qui ont été donnés avec l’agrément de la Grande Loge à la Grande Assemblée tenue le 27 décembre 1735, jour de la Saint Jean-l’Evangéliste, pour servir de règle à toutes les Loges dudit Royaume.

 

III. Première APPROBATION

Comme depuis le gouvernement de N.T.R.G.M. Philippe duc de Wharton, on avait pour quelque temps négligé l’exacte observance des règlements de la Maçonnerie au préjudice de l’Ordre et de l’harmonie des Loges, Nous, Jacques-Hector Macleane, chevalier, baronet d’Ecosse, présent G.M. de la très ancienne et très honorable Fraternité des Francs-Maçons dans le royaume de France, avec notre Député, nos Grands Surveillants, nos Grands Officiers, les Maîtres et Surveillants des autres Loges dudit Royaume et le consentement unanime de tous les Frères, ayant ordonné de faire les changements que nous avons jugé nécessaires dans les Règlements qui ont été donnés par le sus G.M. et les ayant vus et examinés dans la forme ci-devant transcrite, les approuvons, et à l’exemple de N.T.R. prédécesseur, ordonnons qu’ils soient reçus dans toutes les Loges particulières sous notre juridiction, comme les seuls règlements que les Francs-Maçons dudit Royaume sont obligés de suivre et ordonnons en outre qu’ils soient lus à la réception de nouveaux Frères et lorsque le Maître de chaque Loge le jugera convenir.

Donnée à Paris et scellée des sceaux de la Grande Loge

le 27 décembre, jour de saint Jean-l’Evangéliste, 1735

(Signé) Macleane

(Et plus bas) Par Ordre du T.R.G.M. L’abbé Moret, Grand Secrétaire

IV. Seconde APPROBATION

Nous Charles Radclisse (sic), comte Darnenwater, pair d’Angleterre, présent G.M. de la Très ancienne et Très honorable Fraternité des Francs-Maçons du royaume de France, approuvons les susd. règlements dans la forme devant prescrite.

Donnée à Paris et scellée des sceaux de la Grande Loge

le 27 décembre, jour de saint Jean-l’Evangéliste, 1736

(Signé) Le comte Darnenwater (sic)

(Et plus bas) Par Ordre du T.R.G.M. L’abbé Moret, Grand Secrétaire

 

V. MANIERE DE CONSTITUER UNE NOUVELLE LOGE  (figure en page 123)

ainsi qu’il a été toujours pratiqué conformément aux anciens usages des Maçons.

—–

LES PREMIERS GRANDS MAITRES

  1.  Philippe, duc de Wharton (1728–1731)
    Né en 1698, d’abord fidèle sujet de la dynastie hanovrienne – ce qui lui avait valu, à l’âge de vingt ans, la dignité de duc (20 janvierDukeOfWharton 1718), Wharton était entré dans l’opposition dans les derniers temps du cabinet Stanhope. Il avait même fondé, en juin 1723, un éphémère hebdomadaire, The True Briton, qui lui coûta fort cher et qui disparut huit mois plus tard. C’est l’année précédente que Wharton avait été élu Grand Maître de la Grande Loge d’Angleterre, dans les circonstances que Marcy a sommairement rapportées, et c’est sous son gouvernement que fut publié le Livre des Constitutions d’Anderson (1723).

    Ayant dilapidé sa fortune, pourchassé par ses créanciers, suspect aux Hanovre, Wharton passa (vers la fin de 1723) sur le continent. On le vit à Vienne, à Madrid, à Rome, où résidait alors le Prétendant. Il revint ensuite en Espagne – où il aurait fondé la première loge maçonnique –, mit son épée au service de Philippe V et participa au siège de Gibraltar (février-juin 1727). Sa bravoure fut récompensée par le grade de colonel d’un régiment irlandais au service du roi d’Espagne. Mais, il avait porté les armes contre son pays : le gouvernement anglais le déchut de ses titres et dignités et prononça la confiscation de ses biens. Rejeté par le Hanovrien, mal accueilli par le Prétendant, Wharton vint à Paris en mai 1728. Comme c’est le seul séjour qu’il y ait fait, on doit sans grand risque d’erreur, rapporter à 1728 : la fondation de la Grande Loge qui groupa les quelques loges parisiennes où se réunissaient les maçons stuartistes réfugiés dans la capitale du Royaume; la désignation du duc de Wharton comme Grand Maître des Loges françaises ; l’adoption des Devoirs et Règles à l’usage des ‘‘Maçons libres’’ du Royaume de France, traduction presque littérale des Constitutions d’Anderson.
    Peu après, Wharton quitta Paris, alla à Rouen, à Orléans, puis gagna Nantes, d’où il s’embarqua pour Bilbao. De là, il rejoignit son régiment. Atteint de paralysie, il mourut à Tarragone, dans un couvent de Bernardins où on l’avait recueilli, le 31 mars 1731.
  2. Jacques-Hector Maclean (1735–1736)
    Les Devoirs et Règles des Francs-Maçons attestent la Grande Maîtrise de Maclean à la date du 27 décembre 1735, date de la tenue de la Grande Loge au cours de laquelle furent apportées quelques modifications à ces text1-Charles-Edouard-en-1748es. Ces modifications furent approuvées par le ‘‘présent Grand Maître’’ Maclean dans des termes qui ne sont pas indifférents : ‘‘Comme depuis le gouvernement de N.T.R.G.M. Philippe, duc de Wharton, on avait pour quelque temps négligé l’exacte observance des règlements…’’. Ainsi, on n’avait pas élu de successeur à Wharton lorsqu’il avait quitté la France ou lorsqu’il était mort en 1731. Apparemment, la Grande Loge ne s’était pas réunie depuis ‘‘quelques temps’’. L’Assemblée du 27 décembre 1735 apparaît donc comme un réveil qui se manifesta par un remaniement des Devoirs et Règles et par l’élection d’un nouveau Grand Maître.
    Par un document publié par Adrien Juvanon, nous savons que Maclean était en fonction le 29 novembre1736 et que sa Grande Maîtrise n’a duré qu’un an, ainsi que les documents nous montrent que c’était la règle statutaire. Jacques-Hector Maclean était né en 1703 à Calais. Fils d’un noble stuartiste réfugié en France, il fit ses études à Edimbourg, mais revint en France en 1721 et se fixa à Paris, où il vécut jusqu’en 1745. Il participa à la tentative du Prétendant Charles-Edouard en Ecosse (portrait ci-contre), mais après avoir occupé Edimbourg, les Jacobites furent écrasés à Culloden (28 janvier 1746), Maclean fait prisonnier ne fut relâché qu’en 1747. Il revient en France. On ne sait pas au juste où et quand il mourut, si c’est à Paris ou à Rome, si c’est en 1750 ou en 1751. Hormis de sa Grande Maîtrise en 1735-1736, on ne sait rien de son activité maçonnique.
  3. Charles Radclyffe, comte de Darwentwater (1736–1738)
    A la Grande Loge annuelle du 27 décembre 1736 qui l’élit Grand Maître en remplacement de Maclean, le comte de Darwentwater approuva les Devoirs et Règlements tels qu’ils avaient été arrêtés l’année précédente. Quelques actes jalonnent sa Grande Maîtrise. Le 14 février 1737, il accorda des constitutions à la Loge de Bussy. Mais peu après commencèrent les persécutions policières : le 23 mars, le Grand Maître prévenait les Loges que l’Assemblée du 2Radliffe5 mars était ajournée ; en juillet, les papiers de la Loge Coustos furent saisis et une perquisition eut lieu à l’Hôtel de Bourgogne, chez un Anglais du nom de Bromett, employé par la Grande Loge pour porter la correspondance aux Loges ; le 10 septembre, le guet surprit une tenue à la Rapée, chez Capelot, marchand de vin à l’enseigne de Saint-Bonnet. Cependant l’Ordre faisait des progrès – et ceci explique cela. Le 25 novembre, le Grand Maître donnait les pouvoirs nécessaires au baron de Scheffer pour installer des Loges maçonniques en Suède. Mais il fallait se montrer prudent : il n’y eut pas de Grande Loge annuelle à la date statutaire de la saint-Jean-l’Evangéliste et le comte de Dawentwater resta en fonction. On pense généralement que c’est à l’Assemblée trimestrielle du 24 juin 1738 qu’on lui donna un successeur en la personne de Louis de Pardaillan de Gondrin, duc d’Antin.
    Charles Radclyffe était le frère cadet de Jacques, compte de Darwentwater qui, ayant pris une part active à l’insurrection jacobite de 1715, avait été fait prisonnier et décapité le 6 mars 1716. Charles également fait prisonnier était parvenu à s’échapper. Il s’installa en France. Né le 3 septembre 1693 à Little Parndon (Essex),il prit, à la mort de son neveu John (31 décembre 1731) le titre vacant de earl (comte-pair du royaume d’Angleterre) de Darwentwater, n’ayant porté jusque là que celui de count (comte à titre honorifique). Il voulut participer au soulèvement jacobite de 1745, mais son bateau fut capturé. Mis en accusation à cause du rôle qu’il avait joué en 1715, il fut décapité à Little Tower Hill le 8 décembre 1746.

De l’examen des documents ci-avant, nous pensons être en droit de conclure que la Grande Loge remonte à 1728 et qu’elle reçut des ‘‘Constitutions’’ du duc de Wharton, premier Grand Maître des Francs-Maçons en France. Tombée en sommeil après le départ ou après la mort de son fondateur, elle fut réveillée le 27 décembre 1735, année où fut élu Maclean. On ne peut manquer de remarquer que les trois premiers Grands Maîtres sont Anglais et Jacobites, et, s’il en est ainsi, c’est que, en bonne logique, les loges alors existantes à Paris étaient peuplées d’Anglais exilés. De sorte que l’on peut tenir pour exacte la tradition rapportée par Jérôme de Lalande : ‘‘Vers l’année 1725, milord Derwentwater, le chevalier Maskelyne (Maclean), d’Heguerty et quelques autres Anglais établirent une Loge à Paris. On regardait comme Grand Maître Milord Derwent-Waters qui, dans la suite, passa en Angleterre où il a été décapité en 1746.’’ Par la suite, une malencontreuse coquille a donné le jour à un mythique Grand Maître : ‘‘milord d’Harnouester fut choisi en 1736 par quatre Loges qui subsistaient alors’’. Or, nous savons que le Grand Maître qui a été élu en 1736 est précisément lord Darwentwater. Il faut donc corriger le texte fautif et lire ‘‘Darwentwater’’.

Charles Radclyffe signa et scella les Règlements dit  »Devoirs enjoints aux Maçons libres » en date du 20 septembre 1735.

 

Annexe complémentaire

Chronologie des Grands Maîtres établie par Claude Antoine Thory

selon extraits pris dans son ouvrage Acta Latomorum

I  –  Grands Maîtres de la Confrérie des Maçons d’Angleterre

à l’époque de l’établissement de la Franche-Maçonnerie depuis l’origine de l’Institution en Grande-Bretagne. Toutefois ce paragraphe est abrégé (arbitrairement de notre part) en raison d’une liste de 61 Grands Maîtres qui se sont succédé entre l’an 287 et l’année 1698). Nous avons retenu les Grands Maîtres suivants :

..287     Saint-Alban

..557     Saint-Augustin (Austin), év. de Cantorbéry

..872     Alfred-le-Grand

..900     Ethred et le prince Ethelward

..924     Le roi Athelstan

..959     Saint-Dunstan, archevêque de Cantorbéry

1041     Le roi Edouard-le-Confesseur

1100     Le roi Henri 1er

1135     Gilbert de Clare, marquis de Pembroke

1155     Le Grand-Maître des Chevaliers du Temple

1272     Gauthier Giffard, archevêque d’Yorck

1327     Le roi Edouard III

1485     Le roi Henri VII

1539     Thomas Cromwell, comte d’Essex

1603     Le roi Jacques 1er

1625     Le roi Charles 1er

1660     Le roi Charles II

1685     Sir Christopher Wren

1697     Charles Lennox, duc de Richmond

1698     Sir Christopher Wren

 

II  – Grands Maîtres élus par la Grande Loge d’Angleterre à partir de 1717,

ce paragraphe recense 39 Grands Maîtres jusqu’en 1812, dont nous citons là aussi seulement les Grands Maîtres suivants :

1717     Antoine Sayer, écuyer

1718     George Payne, écuyer

1719     J.T. Désaguliers

1720     George Payne, écuyer

1721     Jean, duc de Montagu

1722     Philipp, duc de Wharton

1723     Francis Scot, depuis duc de Buccleugh

1724     Charles Lennox, duc de Richmond

[…]

 

III  – Grands Maîtres élus par la Grande Loge du Rite ancien (ou des anciens Maçons) de Londres

liste reprise dans sa totalité dès lors qu’elle comprend 5 Grands Maîtres :

1757     Le comte de Blessinton

1761     Thomas, comte de Kellie

1772     S.A.R. John, duc d’Atholl

1785     Guillaume Randall, comte d’Antrim

1792     S.A.R. le duc d’Atholl

 

IV – Rois d’Ecosse et d’Angleterre qui ont été les Grands Maîtres ou Protecteurs de la Grande Loge de l’Ordre royal de H-D-M. de Kilwinning,

séante à Edimbourg reprise dans son intégralité, dès lors qu’elle nous intéresse directement :

1314     Robert Bruce, fondateur de l’Ordre

1329     David II

1371     Robert II

1390     Robert III

1424     Jacques 1er

1437     Jacques II

1460     Jacques III

1488     Jacques IV

1513     Jacques V

1542     ….

1567     Jacques VI

Les successeurs de ce prince sont en même temps rois d’Angleterre et d’Ecosse

1625     Charles 1er

…..

1660     Charles II

1685     Jacques II

1688     Guillaume III

……

1714     George 1er

1727     George II

1760     George III

 

V – La chronologie des Grands Maîtres élus par la Grande Loge de Saint-Jean d’Edimbourg

entre 1736 et 1806, dénombre 70 mandats, dont quelques-uns ont été reconduits au titre suprême, le premier d’entre eux étant William Sinclair de Rosslyn, suivi de George, comte de Cromarty.

…..

VI – Grands Maîtres élus en France tant par la Grande Loge que par le Grand Orient

1725     Lord Derwentwater

1736     Lord comte d’Harnouester

1738     le duc d’Antin

1743     Louis de Bourbon, prince de Clermont

1771     Louis-Philippe-Joseph duc de Chartres, depuis duc d’Orléans

1795     Alexandre-Louis Roettiers de Montaleau, sous le titre de Grand Vénérable

1805     Le prince Joseph, ci-devant roi d’Espagne

 

Suivent dans les états chronologiques des Grands Maîtres dressés par C.A. Thory ceux :

  • du Rite Ecossais Philosophique,
  • de Hollande,
  • les Souverains Grands Commandeurs élus par le Suprême Conseil du 33e Degré en France,
  • enfin, les Grands Maîtres des Templiers.

 (Document déposé sur le site du Rite Ecossais Primitif en décembre 2013)