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Ordres chevaleresques et Chevalerie

   Les chroniques écossoises du REP   

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 Thème

Ordres Chevaleresques et 

Chevalerie à travers les Rites et leurs Rituels
dont ceux du Rite Ecossais Primitif 

 Sources 

références manuels d’histoire et rituels du REP

exposées par Elisabeth Mutel

Dans l’imaginaire, il est des rares sujets capables d’emporter le cœur dans une envolée poétique et culturelle. Tel est le cas du chevalier sur sa monture qui occupe les esprits depuis la plus tendre enfance. Qui n’a pas aperçu le cavalier sur son cheval majestueux à l’assaut du méchant ?  N’est-il pas dit ‘‘le beau chevalier servant’’ ?

Au-delà du temps qui passe, de ‘‘7 ans (passés) à 77 ans (et plus ou révolus ??)’’, la Chevalerie dans la substance noble du terme, est un des thèmes qui tient en haleine historiens et cinéastes, écrivains et lecteurs, enfants et écoliers jusqu’aux plus érudits. Elle habite le subconscient dès que la maturité s’empare de l’intellect en partance pour la recherche du beau, du prodigieux et de l’audacieux. La grandeur du chevalier renvoie l’image du guerrier invincible enveloppé de la blanche aura d’un nouvel archange. Bien des générations lui ont déjà attribué une demeure mythique dans le panthéon des dieux et des héros qui ont bercé leurs rêves idylliques.

Les espérances et les chimères en quête de mythes merveilleux poursuivent inlassablement l’ombre fuyante et insaisissable du héros de légende.

Les habitudes prosaïques et monotones de la vie quotidienne suscitent par ailleurs l’approche du prestigieux. Le chevalier sublimé et idéalisé suggère une séduction certaine par son allure de conquérant assortie d’une courtoisie et d’une bienséance qui forment les fondements éthiques de sa mission. La force, alliée à la courtoisie, accentue la grandeur et la noblesse du cœur et de l’esprit du guerrier habituellement dépourvu de ces valeurs. Une conception romancée et romantique du chevalier l’oppose nettement à la rudesse brutale du soudard ou du soldat, pour lui donner un profil de justicier et de protecteur.

La frénésie d’une dévotion puérile à l’égard du chevalier installe ce combattant sur un socle de lumière soutenu des plus belles vertus humaines : la morale, l’honneur, la probité et le devoir. Après une introduction aux accents lyriques qui traduisent une nostalgique interprétation du portrait du chevalier de l’époque médiévale, cette chronique se veut situer le parcours de l’Ordre chevaleresque à travers les continents, depuis son avènement jusqu’à son insertion dans certains rituels maçonniques (dont les rituels des derniers Grades de l’échelle du Rite Ecossais Primitif).

La Chevalerie prit naissance à une période bien précise du Moyen-âge avant de s’engager dans le panorama politique, social et économique de l’Europe, des pays du Bassin méditerranéen jusqu’au Moyen-Orient et en Afrique. Nous situerons la Chevalerie au cœur de ces vieilles civilisations où elle a laissé les marques de son passage glorieux dans une archéologie défiant l’usure du temps, témoin d’une culture artistique et d’une puissance économique, dont les historiens se sont emparés pour écrire leurs ouvrages.

L’itinéraire des Ordres chevaleresques a conduit leurs protagonistes dans le vaste empire romain qui, bien que promis à l’éternité, sombra vers 270 après J.-C. pour être scindé en deux morceaux : la partie occidentale qui comprend l’Europe d’aujourd’hui, et la partie orientale qui a accueilli l’Empire de Byzance jusqu’en Afrique et au Levant.

Dans cette chronique nous nous attacherons à la région occidentale, terrain propice aux grandes invasions conduites par les Francs venus de Germanie, qui s’installent dans la Gaule découpée en petits Etats autonomes dirigés par des institutions rudimentaires. En ce Moyen-âge naissant coexistent deux pouvoirs, celui d’un courant politique et social sous la prépondérance barbare d’une dynastie de fait et celui de droit divin porté par l’Eglise de Rome. Les deux pouvoirs poseront solidement les assises d’une culture et d’une civilisation occidentales.

Vers 358 après J.-C., la petite nation des Francs saliens prenait place dans l’Histoire. Installés aux embouchures du Rhin, ils s’infiltrèrent progressivement en Gaule pour y créer la première dynastie régnante sur le pays qui sera le futur royaume de France.

Cette première dynastie, dite Mérovingienne, s’inspira du nom d’une héroïne sûrement mythique, Mérovée, que l’Histoire rattachait au grand-père de Clovis, personnage le plus emblématique de cette lignée. Pépin-le-Bref destitua le dernier mérovingien vers 751 et se proclama fondateur de la deuxième dynastie, dite carolingienne, dont il emprunta le nom à Charlemagne, son plus illustre patriarche. Il serait dommage de ne pas rappeler que Pépin-le-Bref fut l’instaurateur du sacre royal, dont la consécration conférait au nouvel élu toute sa légitimité héréditaire par le sacrement de souverain dans la digne succession de ses prédécesseurs.

Vers 843, l’empire de Charlemagne fut découpé en trois Etats distribués entre les mains de ses trois petits-fils. Charles le Chauve hérite de la partie la plus occidentale qui devint le royaume de France gouverné par la troisième dynastie qui prend forme à la mort du dernier carolingien en 987. Il s’agit de la dynastie des Capétiens dont la longévité et la puissance de sa postérité étaient alors insoupçonnables. C’est ainsi qu’une assemblée de Grands Laïcs et Ecclésiastiques réunie à Senlis proclama l’élection de Louis V. Hugues Capet, duc des Francs, roi de France. Grossièrement, les Capétiens s’employèrent à agrandir le domaine royal, à affaiblir à leur profit la puissance des forces agissantes considérées comme nuisibles au pouvoir monarchique et enfin à façonner l’histoire de la France pour les siècles à venir. Parmi ces forces, figurait en bonne place l’aristocratie devenue de plus en plus résistante face à la faiblesse d’une monarchie au pouvoir fragilisé dans un royaume désormais parcellé en de multiples circonscriptions, placées sous l’autorité propre de son territoire administré selon le bon vouloir seigneurial. Les coutumes féodales prirent corps et séparèrent définitivement le riche propriétaire et le pauvre dépouillé voué à l’esclavage. Le paysan et l’artisan faisaient partie intégrante du paysage et du sol dont ils avaient la charge de fournir une production ne leur appartenant pas. Peu à peu, émergea un concept de condition humaine régi par des classes ordonnancées selon un schéma de droit divin qui distinguaient ceux qui prient (le clergé), ceux qui combattent (la noblesse) et ceux qui travaillent (tous les autres : cerfs et serviteurs, paysans et artisans : plus généralement tous ceux qui composent le milieu rural et le milieu urbain). Ce fut l’évêque de Laon, Aldabéron, qui en 1030, déclara être le porte-parole de Dieu pour dicter la règle divine : ‘‘Que chacun, donc, se conforme à la volonté divine et sache rester à sa place’’. Ainsi s’affichait le modèle féodal dressé sur un territoire donné, centre d’un édifice social rigide et très hiérarchisé placé sous l’autorité d’un Seigneur protégé dans l’enceinte d’un château, plate-forme où siégeait un pouvoir absolu décentralisé.

Cette dernière phase, dans la chronologie de la configuration politique de la France en ce début du XIe siècle, concomitante à la saisie des rênes de l’Etat par la dynastie capétienne, coïncide avec l’essor de l’Ordre chevaleresque qui part de France à la conquête d’une partie du monde. Aux instances régissant le royaume de France, vient se greffer le cadre institutionnel politique et étatique ci-avant évoqué, opposé à la monarchie régnante, et porté par ce concept moyenâgeux formé au IXe siècle. Ce système saisit l’opportunité de l’instabilité persistante d’un Etat soumis à une succession de dynasties avortées les unes après les autres, pour déployer ses rigides tentacules sur toute l’étendue de son territoire rendu vulnérable. Alors que ce mouvement baptisé sous le vocable de Féodalité s’affirme au XVIIe siècle sous la Révolution française de 1789, ce régime féodal, par sa nature, avait engendré dans les siècles précédents la Chevalerie qui deviendra un de ses plus importants ‘‘supporteurs’’, pour ne pas dire son Fleuron.

La Chevalerie, dite fille de la Féodalité, n’aurait pu exister sans la force motrice de la Féodalité qui a bousculé l’Histoire des peuples de l’Orient à l’Occident par la constitution des Ordres chevaleresques souverains là où ils s’établissent.

La Chevalerie devient l’Antichambre de l’Ordre, vecteur et promoteur des différentes sciences issues des découvertes architecturales, artistiques, techniques, scientifiques, abritées par les diverses institutions créées au sein de Commanderies et de Monastères qui se constituent en véritables centres d’hébergement de travaux de recherche et d’apprentissage, délivrés sur un mode d’enseignement transmis dans les formes définies par l’Ordre. Il en fut ainsi pour l’Ordre Bénédictin et l’Ordre des Cisterciens qui furent les tout premiers.

Dès lors, on assiste à une recrudescence d’Ordres, dont : les Ordres militaires et leurs moines-soldats composés de chevaliers auxquels se joignent des clercs et des laïcs, tel l’Ordre des Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem, qui subsiste encore de nos jours sous l’appellation de l’Ordre de Malte ; les Ordres Hospitaliers qui ont donné l’Ordre des Chevaliers Teutoniques ; enfin l’Ordre religieux, placé sous la double influence de saint Benoît et de saint Bernard de Clairvaux, qui a donné l’Ordre du Temple. Celui-ci fondé à Jérusalem en 1119 connut une fin tragique sous la pression d’une monarchie, cette fois non pas décousue comme aux premiers temps de la féodalité, mais absolue avec Philippe le Bel.

Ainsi la Chevalerie conçue tel un corps sociétal prend le statut d’une activité de défense et de protection, placée sous la tutelle d’un Ordre chevaleresque auquel sont rattachés les Chevaliers. Toutefois le premier chevalier, certes constitué en homme libre à la solde d’un châtelain qui prenait soin de le maintenir en un niveau de faibles ressources, avait les devoirs de sa charge :

  • de teneur militaire, par la permanence d’une supervision de la production et de l’exploitation des terres par la population, vis-à-vis de laquelle il avait une autorité hiérarchique qui lui conférait le pouvoir de faire régner l’ordre et de prélever impôts et taxes ;
  • de nature juridique, qui l’obligeait à participer à des conseils de justice réunis à l’initiative du Seigneur ;
  • de dévouement total à une cause d’intérêt général à l’exemple de celui des croisades.

Le Seigneur de son côté avait des obligations envers son vassal à qui il accordait le titre de Chevalier selon une échelle des graduations sociales :

  • le rang modeste du chevalier lui conférait une qualité de bienfaiteur à la suite d’un entretien qui constatait une fonction de domestique au sens large du terme ;
  • à un vassal de rang plus élevé, il était accordé la concession d’une terre en viager qui lui donnait les moyens d’une existence décente et d’une transmission héréditaire ;

et à tous le suzerain était tenu d’assurer protection en toutes circonstances.

C’est pourquoi la chevalerie, à l’époque de sa naissance au XIe siècle, prenait place directement sous la noblesse de sang, sans prétendre à la notoriété d’un lignage aristocratique pas plus qu’à la richesse, qui relève d’un titre attaché à un domaine seigneurial, ou le droit de ban d’un sire. A cet égard, il convient de préciser que la noblesse ne portait aucune considération à la Chevalerie, contrairement à de fausses suppositions qui ressortent d’une littérature de l’épopée chevaleresque laissant entendre un statut de noblesse à tout chevalier. Dans les faits, ce sont les chevaliers qui ambitionnaient une telle lignée de rang au titre de service rendu à la noblesse, dont l’accès ne leur était pas totalement fermé. Le meilleur moyen d’y parvenir demeurait dans le mariage avec une dame de sang, avec qui les liens matrimoniaux assuraient une promesse de pénétrer le milieu de la noblesse.

Toutefois au début du XIIIe siècle la noblesse, sensible à une incursion non maîtrisée de sa société, inventa une sorte de sacralisation de la qualité de chevalier par l’adoubement réservé à ses descendants, ceci pour se donner les moyens de contrôler l’accès au rang de la noblesse par les liens du mariage. Il s’ensuivit que la noblesse chercha à rejoindre la chevalerie par l’exaltation des valeurs prestigieuses qu’offrait l’Ordre chevaleresque.

La naissance devenait alors une condition pour devenir Chevalier, si bien que dès le XIVe siècle, tous les chevaliers étaient issus de la noblesse ou anoblis, sans que pour autant les nobles ne soient systématiquement chevaliers.

chevalerie

Des chevaliers sont issus les guerriers d’élite et les cavaliers combattants soumis à des conditions de recrutement en fonction de l’âge et de l’endurance physique requise, car l’exigence d’une robustesse corporelle devait supporter une charge importante constituée par le port d’une armure et d’armes. La littérature nous révèle que la Chevalerie tentait à sa création d’agir dans une certaine éthique militaire pour la protection d’un territoire sans combat mortel contre l’adversaire.

Nous n’entrerons pas plus loin sur le terrain guerrier des Croisades qui sort de notre sujet de la Chevalerie.

A la vocation hospitalière, militaire et guerrière de l’Ordre chevaleresque, vient s’ajouter une notoriété religieuse.

Revenons sur le décor des lieux et les acteurs de l’Ordre de la Chevalerie représentés dans les fresques, toiles et peintures qui donnent un aperçu du cérémoniel attaché à l’adoubement. Le rituel de l’adoubement créait le chevalier dans une atmosphère de solennité religieuse au centre de laquelle Dieu était pris à témoin. Sous l’aval de l’Eglise influente dans la bénédiction d’un Ordre tel celui de Chevalier, ‘‘ordre’’ étant pris dans le sens de sacrement, le nouvel élu tient la légitimité morale de sa nouvelle condition à partir de son adoubement. L’adoubement est donc l’acte qui arme le postulant déclaré Chevalier. Cet événement majeur constitue le point d’ancrage dans l’Ordre de Chevalerie. Il relève d’une cérémonie rituélique à caractère initiatique dont la célébration procède d’une élévation à un nouvel état qui repose sur une éthique réservée à un Ordre chevaleresque conférant de nouveaux droits : sociaux par une capacité économique et une faculté d’autonomie, professionnels de par une supériorité désormais acquise, et un devoir religieux dans la défense de la paix et de l’Ordre sans oublier le soutien à l’Eglise. Cette cérémonie, célébrée dans l’enceinte d’une église, était précédée d’une veillée de prières suivies d’une confession. Au matin de la grande fête, le futur chevalier prenait un bain rituélique en signe de renouvellement des promesses de son baptême qui lui procurait une seconde purification. Le célébrant, généralement un ecclésiastique, bénissait l’épée déposée sur l’autel et la remettait entre les mains du postulant. Celui-ci recevait ensuite les armes, avant de ceindre le baudrier portant l’épée qu’il dégainait trois fois avant de la remettre au fourreau. Le Chevalier recevait la bénédiction de l’officiant qui lui donnait le baiser de paix et la fameuse colée, la gifle sensée le réveiller à ses nouveaux devoirs, qu’il ratifiait par une prestation de serment. Ce rituel, très simple au départ, se terminait par la remise des éperons d’or et de la bannière par les nobles présents à cette cérémonie d’investiture. La bannière était l’emblème moral et idéologique des devoirs acceptés par le Chevalier.

Le cérémoniel de l’adoubement au XIIe siècle d’une grande simplicité fut revisité pour donner une consistance plus majestueuse et prendre la forme d’un véritable rituel un siècle plus tard, sans doute pour renforcer la vocation pieuse de l’Ordre. A cet égard d’ailleurs, une date symbolique soigneusement choisie parmi les fêtes religieuses conférait à l’événement un caractère mémorable.

Après avoir dressé les multiples facettes d’une chronologie séculaire de l’Ordre chevaleresque et de son parcours intercontinental où se sont trouvés mêlés tous les genres sociaux, politiques, coutumiers, culturels et religieux, depuis le Moyen-âge jusqu’à l’arrivée des Chevaliers du Temple en la Vieille Ecosse, nous assistons à l’entrée de la Chevalerie dans les Rites maçonniques.

En effet, le roi Robert Bruce sorti victorieux de la Bataille de Bannockburn le 24 juin 1314 grâce aux Chevaliers du Temple, et pour les récompenser de leur participation les constitua en Ordre de Saint André du Chardon, consécration qui signe alors l’entrée de la Chevalerie dans la maçonnerie jacobite.

Toujours à propos des Chevaliers du Temple, Nous saisissons les propos du Grand Maître, Robert Ambelain, qui explique que :

« Jacques VI d’Ecosse fonde la Rose-Croix Royale avec trente-deux chevaliers de Saint André du Chardon, alors qu’il était Grand Maître des Maçons opératifs d’Ecosse. Tombé dans l’oubli, ou faute de recrutement valable, ou raréfié dans le secret, l’Ordre de Saint André du Chardon est rouvert en 1687, avant son exil en France, par le roi Jacques II. Et là on voit apparaître au grand jour cet Ordre maçonnique… qui a pour nom ‘‘Ordre des Maîtres Ecossais de Saint André’’, nom qu’il ne quitta plus. »

Ainsi, la Franc-Maçonnerie emprunta l’éthique chevaleresque pour dresser un socle réservé aux valeurs de la Chevalerie pour laquelle furent établis grades et degrés assortis de Rituels spécifiques à cette classe d’Initiés.

Au Rite Ecossais Primitif et en d’autres Rites (dont bien vraisemblablement le Rite Ecossais Rectifié), les actes rituels, qui composent les Rituels dits d’ ‘‘Adoubement’’, présentent bien des points communs et comparables aux célébrations d’antan, précisément lors de la cérémonie de Réception en la Chambre écossaise chapitrale à l’issue de laquelle l’Impétrant est armé Chevalier. Il y a lieu également de souligner la dénomination de la prestation de serment à ces Grades qui est qualifiée d’Obligation d’Ordre.

Quand pour accéder à la Lumière, le futur Initié donnait la démonstration d’une volonté à posséder des qualités morales, les interrogations n’écartaient aucune incompatibilité à une adhésion plus lointaine de l’aspirant aux valeurs que l’Ordre maçonnique prête au Chevalier. Ainsi, nous prenons conscience de l’impérieuse nécessité d’une introduction dans la Chambre de réflexion préalablement à l’Initiation qui est renouvelée pour l’aspirant à la Chevalerie dans la veillée de prière avant son adoubement, figurée dans le rituel du REP par un nouveau passage placé sous le signe du silence dans l’isolement.

Outre les similitudes avec la Chevalerie du Moyen-âge, dont celle essentielle dans la remise des armes constituant un événement unique et exceptionnel autant que la gestuelle qui entoure l’adoubement, les Chevaliers – issus de la Franc-Maçonnerie du XVIIe siècle – s’attardent sur les aspects d’une nature profonde d’essence philosophique et spirituelle qui relie l’esprit de cette rituélie au Chevalier en habit de Lumière.

Etre Franc-Maçon et Chevalier dans l’Ordre de la Franc-Maçonnerie est un cheminement dans la recherche d’une noblesse et d’une paix intérieures dont la frontière dépasse la pensée profane pour s’attacher à une sensibilité qui côtoie avant tout l’honneur et la probité.

Etre Chevalier c’est éprouver la solidité et la conduite d’une démarche rectiligne et ascensionnelle vers la véritable noblesse du cœur. C’est subir une décantation alchimique des forces de l’âme et du corps pour un équilibre parfait entre l’esprit et la matière.

Le Chevalier d’antan avait deux suppôts dans sa quête de l’absolu : le Saint Graal à la conquête duquel il se muait en perpétuel errant à travers les terres et sa Dame, la nécessaire inspiratrice de son désir de perfectionnement. Le Saint Graal, calice, taillé dans l’émeraude tombée du front de Lucifer lors de sa chute finale, parvenu on ne sait par quel miracle au pied du Golgotha pour recueillir le sang du Christ, calice qui contient la plus haute connaissance qui puisse être communiquée à l’Homme, savoir la présence manifestée de Dieu au milieu de sa Création.

Le Saint Graal, sublime et ultime but du chevalier errant, cherchant le secret de la pierre philosophale et la réalisation de sa noblesse intérieure. La Dame, miroir de l’âme transcendante du héros, offre la partie spirituelle de l’homme, sa nature céleste émanée, image divine qu’il reconnaît dans la femme comme appartenant à son noble for intérieur.

L’Impétrant, le bandeau à peine tombé, découvre la Lumière et durant sa nouvelle vie, il s’emploiera à suivre cette lueur lumineuse, son Graal immatériel.

Lors de sa Réception, le nouvel Initié reçoit des mains du Vénérable une deuxième paire de gants (en d’autres Rites que le REP, il s’agit bien souvent d’une rose que les usages modernes ont substituée à ce symbole majeur du nouvel Initié), qu’il doit remettre à la personne qu’il admire le plus et susceptible de le conforter dans son rayonnement maçonnique.

L’armure du Chevalier est taillée dans l’acier de la Force, enveloppée de la soie de la Sagesse et resplendissante par l’éclat de sa Beauté.

Le Chevalier est la FORCE, la force inébranlable de sa mission de protecteur du faible.

Le Chevalier est la SAGESSE, la sagesse de l’homme initié qui dépasse le vulgaire.

Le Chevalier est la BEAUTÉ, la beauté de son esprit qui ordonne toutes ses plus nobles actions.

Ainsi doit être le Maître Parfait Ecossais Chevalier de Saint André, Enfant de la Veuve, familier d’un Rite dont la Spiritualité le conduit à mettre en exergue, dans un monde déshumanisé de ce XXIe siècle, les valeurs héritées de la tradition primordiale, dont :

  • la protection des plus faibles par un déploiement de la Force dans une société en déperdition des vertus morales et humaines ;
  • la recherche de la Sagesse par un dépassement du prêt-à-penser et un retour aux sources vives et vivifiantes de l’âme, où reposent des ressources enfouies dans un terroir à mettre à découvert, à savoir en ôter la couverture comme le bandeau tombé pour donner toute la Lumière, et illuminer notre tréfonds intérieur ;
  • l’appel à la Beauté pour flamboyer jusqu’à l’exaltation du ‘‘geste chevaleresque’’ au nom de la Solidarité, de l’Amour universel et de la Chaine fraternelle ‘‘évangélisatrice’’ dans l’harmonie et la concorde des Sentinelles de Lumière.

La Chevalerie des Jacobites du IIIe millénaire est une manière d’être autant qu’une raison d’être.

Nous aurions pu donner pour titre à cette chronique écossoise

‘‘Le REP, un rite militaire et chevaleresque’’

qui définit en quelque mots la double filiation à un Ordre militaire et à un Ordre chevaleresque, par :

  • ses origines militaires à partir des Loges des Régiments écossais et irlandais de la maçonnerie jacobite ayant suivi le roi Jacques II Stuart en son exil,
  • la reconnaissance d’une Chevalerie affichée dont les Rituels des derniers grades et degrés du Rite Ecossais Primitif confirment son attachement à un ésotérisme chrétien, tel que voulu par le Chevalier de Ramsay et les jacobites.

Au-delà du temps qui passe, le Rite Ecossais Primitif a gardé cette double appartenance qui transpire au travers de ses Rituels et des Instructions dialoguées qui éclairent leur contenu.

Elisabeth Mutel, Theophilos Eques a Probitas.

(Document déposé sur le site du Rite Ecossais Primitif en décembre 2013)

1 réponse à “Ordres chevaleresques et Chevalerie”

  1. Avatar de robert
    robert

    Bien écrit!

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