La Tradition

Paroles d’un Grand Maître  morceaux2
Thème

    Paroles d’un Grand Maître, La Tradition 

Auteur ….Constant Chevillon
Source …..La Gnose de Constant.Chevillon, (extraits)

     Editions traditionnelles – juillet 1982

…..La Tradition n’est pas seulement un mot sonore et creux, c’est une réalité. Elle est concrète dans son apparente abstraction, enserre l’humanité tout entière, des peuples sauvages aux ultra-civilisés, dans un réseau de concepts et d’idées qui se répercutent sur le comportement quotidien des états et des individus. Or, par une incompréhensible aberration, les hommes, délibérément, ont voulu rompre le filet et ont ainsi perdu le sens véritable des cogitations ancestrales. […]  La science, jadis, n’avait rien de commun avec ‘‘notre science’’ actuelle. C’était la sagesse, c’est-à-dire la philosophie. Tout reposait sur elle et l’expérience était un simple adjuvant dans la confirmation des principes. La mathématique, en particulier, la science, par excellence, des nombres qualitatifs, était le secret de l’église des adeptes : fruit merveilleux de l’enseignement pythagoricien, sa seule écorce était aux mains de la foule ; sa saveur, cependant, inconnue dans son entéléchie, dilatait toutes les papilles spirituelles. […]

Tradition, de ‘‘tradere’’, livrer, transmettre, est un vocable susceptible de s’appliquer à la transmission orale ou écrite, d’une vérité, d’un fait, d’une coutume, d’une recette d’un ordre quelconque dont l’origine est plus ou moins lointaine et précise. Mais dans le sens le plus généralement admis, le mot tradition comporte une portée plus restreinte et s’entend surtout sur des vérités philosophiques et religieuses et s’applique aux secrets de l’esthétique, imparfaitement connus, et sous leur forme exotérique, par la grande masse des hommes. Dans cette signification restrictive, la tradition est, en somme, l’ensemble des idées-mères, des principes sur lesquels reposent nos civilisations et chacune de ces dernières se rattache à un groupe dont le contenu semble, a priori, autonome, c’est-à-dire sans lien apparent avec les autres.

Comme il y a une seule vérité, vue sous des angles divers, il y a une seule tradition, différenciée par les climats, les cerveaux et les méthodes scientifiques en honneur dans chaque cité, mais il ne faut pas confondre cette tradition, dont le contenu est plutôt transcendantal et informateur, avec les us et coutumes des peuples et des races. Malheureusement, cette confusion est faite, trop souvent, par les esprits superficiels et les primaires, si nombreux toujours, même parmi les savants et philosophes officiels. […]

Par la morale, la tradition nous guide vers le perfectionnement de l’individu, grâce à l’effort rationnel de la personnalité sur la matière et nous incite au respect des individus placés sur notre route. Elle nous dicte les moyens adéquats de mettre notre conduite en harmonie avec la doctrine métaphysique. Du reste, non contente de légiférer sur le particulier, elle se hausse au général et greffe sur la morale individuelle un plan sociologique, source des constitutions, dans lequel la liberté principielle sera égale pour tous et qui dictera les principes directeurs dont l’application doit conduire les individus à leur fin respective dans la fraternité universelle, la justice et l’équité. Une société est une réunion d’individus groupés par les affinités géographiques, historiques, intellectuelles et morales : c’est une communion dans un même idéal, consolidé matériellement par la communauté des intérêts. […]

…..La tradition ne laisse rien au hasard, c’est un phare placé à l’orée des civilisations pour nous montrer la droite voie. Recueillie pieusement dans les livres sacrés de tous les peuples, elle est toujours là, sous nos yeux, il suffit de la regarder en face pour saisir aussitôt son étonnante simplicité et sa véracité indubitable. Mais l’orgueil humain et la volonté de domination ont jeté un voile funèbre sur les textes. L’égoïsme, doublé d’une imagination déréglée et d’une intelligence pervertie, a progressivement inspiré aux rapaces des conceptions morbides et ravalé la pure doctrine à un particularisme éhonté au bénéfice d’un homme, d’un clan ou d’une élite sans vergogne. Sur la liberté on a bâti l’esclavage et le prolétariat ; on a noyé l’égalité sous le flot montant des privilèges et sur la fraternité universelle on a instauré, d’un côté et de l’autre, des compartiments sociaux, la lutte impie des classes et, cela, depuis des millénaires. Le résultat ? Nous le voyons aujourd’hui dans toute sa douloureuse ampleur. L’intelligence dévoyée est en régression continue dans la masse populaire ; la raison aux abois n’enfante plus que sophismes ; les volontés détendues sont emportées dans tous les remous des opinions contradictoires ; les passions s’exaspèrent, les instincts sont soigneusement cultivés jusqu’à l’hypertrophie et le monde tout entier est un champ de bataille. […]

Pauvre humain vagabond, aussitôt mort que né, malgré la plénitude dont tu prétends tisser ton existence, souviens-toi d’une chose qui s’accorde à la tradition : l’idéal vient d’en haut, il vient de l’esprit et par conséquent du devoir. Mais au-dessus du devoir, il y a encore le dévouement et le sacrifice, notions inintelligibles si la mort est la fin de tout. Accepte ton devoir en vue de ta fin spirituelle et tu seras noble ; dévoue-toi pour ta patrie ou pour une sainte cause, tu seras grand déjà ; sacrifie-toi pour que la communauté humaine atteigne sa perfection suprême et tu verras l’idéal jaillir des profondeurs de l’éternité, car le sacrifice est rédempteur, non seulement pour toi, mais, par réversibilité pour les autres. […]

Ainsi, selon la tradition, tout est construit sur le rythme ternaire et c’est par là que se résolvent tous les contrastes, toutes les antinomies, le dualisme indigent et le monisme surbaissé de la matière. Tout, dans le Cosmos, reproduit la norme, matrice de la tradition. La matière impondérable en ces trois fluides : lumière, chaleur, électricité. La matière pesante en ses trois règnes : minéral, végétal, animal. La vie en ses trois moments essentiels : sensation, passion, idée. La pensée : sujet, objet, rapport harmonique entre les deux. L’art, cette création humaine par excellence, qui reproduit la forme pour exprimer l’âme et manifester l’esprit d’une manière presque tangible. La science, qui est expérience, intellection et raisonnement, pour gravir avec l’entendement et l’intuition les hauteurs du génie. Dieu, enfin, dont la suréminente unité se résout en Trinité : le Vrai, le Beau, le Bien circonscrit par l’amour. Mais tous ces ternaires, comme la suite indéfinie des nombres, se réduisent à l’unité vivante et interne, à la base principielle d’où tout s’écoule, où tout revient, pour se confirmer et s’accomplir sur le thème essentiel : être, esprit, vie – volonté, liberté, conscience. La méconnaissance de ces vérités, la lutte engagée contre elles par les intellects ivres d’indépendance et surtout d’ignorance et de mépris des réalités spirituelles ont donné naissance à toutes les hérésies intellectuelles, à des erreurs génératrices de catastrophes qui nous secouent depuis des siècles. […] On ne saurait jamais assez le répéter, pour abolir cette carence spirituelle endémique, sur laquelle les hommes sont ballotés comme sur une mer démontée, il faut revenir à l’enseignement traditionnel qui ne connaît ni les antinomies ni les contrastes insolubles, mais seulement les consonances, et l’harmonie. Il faut en extraire les règles strictes susceptibles d’éclairer les individus…  Car l’évolution se fait toujours vers un même but : l’épanouissement de l’esprit en ses qualités suréminentes ; car l’involution, à laquelle nous sommes livrés depuis trop longtemps, tend à synthétiser la vie dans la matière et le bien-être physique, ces supports incertains de la véritable eschatologie humaine.

…..Que nous enseigne la Tradition quand s’ouvre son delta lumineux ?

La Trinité, révélation de toutes les révélations que puisse entrevoir le genre humain. Elle est Vie, Lumière et Amour. C’est en mémoire de Constant Chevillon (le parrain du Grand Maître Robert Ambelain), que le Conseil de l’Ordre du Rite Ecossais Primitif a repris ces trois mots qui suivent l’invocation au Grand Architecte de l’Univers dans la rédaction des patentes délivrées aux Ateliers et Loges placés sous ses auspices.

[…] Alors de la Tradition jaillit, pour l’adaptation des principes dans l’existence : constitutions, beaux-arts, sciences. C’est le contenu que nous retrouvons dans les sanctuaires religieux, berceaux des conducteurs de l’humanité qui produisaient les Prêtres à la fois savants, artistes et rois, en un mot pasteurs des civilisations. C’est dans cette matrice que nous devons retrouver l’origine des cultes (et des Rituels) qui révèlent en tout premier lieu, sous l’auréole du symbole, une thèse explicative de l’Univers visible qui est une Cosmogonie. […]

Constant Chevillon

Document déposé sur le site du REP en décembre 2013

———-

PRIERE POUR LA PAIX

ADONAÎ ô Eloim des Eloim, nous voulons la paix :

la paix dans les familles, dans les cités, dans les nations, la paix sur toute la terre, le coeur des hommes fait pour aimer et non pour haïr, envoyez à tous la bonté, la mansuétude et l’amour.

Eloignez d’eux à jamais le désir des guerres impies et fratricides, donnez-leur la soif inextinguible de la Paix. Déchaînez dans le monde une vague d’Amour et de Fraternité. Nous vous en supplions par le Verbe incréé, expression de votre amour infini : donnez-nous la Paix universelle.

Que la Paix étende partout sa sérénité et sa justice, mais surtout sur les peuples qui sont menacés dans leur vie, dans leur liberté, dans leurs idées et dans leur conscience humaine.

Faîtes, Adonaï et vous, puissance de la Lumière, que les intérêts particuliers s’effacent toujours devant l’intérêt général de l’Humanité et que celui-ci se hausse sur le plan spirituel de la Fraternité et de l’Amour pour juguler à jamais la colère, l’envie et la haine !     Donnez :

aux riches de la terre un coeur sensible et généreux,

aux pauvres l’intelligence du royaume de la lumière avec la tempérance des désirs,

aux puissants qui gouvernent le monde le sens de l’équité dans la prudence et la sagesse,

aux gouvernés le respect de la hiérarchie juste et légitime,

à tous les hommes l’humilité dans la Foi, l’Espérance et la Charité.

Amen !  Amen !  Amen !

Constant Chevillon