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Saint André, archétype du Maçon ?

Morceaux de textes choisis

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Travail

       Regard sur le cinquième Grade du REP

Thème

Saint André, archétype du Maçon Ecossais Primitif ?                 

Auteur

rédigé par un Chevalier de l’Ordre

du Rite Ecossais Primitif

A la Gloire du Grand Architecte de l’Univers,

Pourquoi Saint André pourrait-il incarner la figure biblique qui illustre la vocation du Chevalier d’un Grade Maçonnique ?  Et cela sous couvert de bien des aspects qui sont le fondement du Rituel du cinquième Grade du Rite Ecossais Primitif, que nous exposons brièvement tant ce Rituel est riche de symboles. Nous voilà donc contraints au périlleux exercice de synthétiser en quelques paragraphes ce qu’évoque, à titre principal, l’apôtre  »premier appelé ».

Il convient d’abord de préciser que Saint André est un personnage d’ouverture, de passage et de transition.  Il est le cherchant, le persévérant et le souffrant. Sa quête de la vérité avait conduit ses pas dans ceux de saint Jean-le-Baptiste, l’autre Jean dit le  »précurseur », « vox clamantis in deserto ».

Lorsque André entendit ce dernier s’exclamer « voici l’Agneau de Dieu » et voyant s’approcher Jésus, il le suivit sans hésitation. Il marche vers la Lumière, parce que sa FOI est forte. Ce faisant, il marque le passage entre la tradition vetero testamentaire et l’épopée neo testamentaire. Il dresse un pont entre le passé et l’avenir, entre la tradition de la loi de repentance et la loi d’amour universel, de compassion, de charité envers les hommes.  N’est-ce pas ce que l’on attend de la Fraternité qui anime le Franc-Maçon ?

André est également porteur d’un trésor inestimable : l’ ESPERANCE.

En effet, lorsque Jésus lui dit : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie, nul ne va au Père sans passer par moi »  et plus tard : « Dieu a tant aimé les hommes qu’il a donné son Fils afin que celui qui croit en lui ne périsse point mais qu’il ait la vie éternelle », ces paroles confortent André dans ses convictions en un avenir meilleur.

A une époque où règne la matière qui gouverne la société sous des vocables  »socialement admissibles », André est donc celui qui incarne la CHARITE pour mettre en oeuvre la bienfaisance et la solidarité. C’est toujours André qui, amenant au Christ celui désigné à porter quelques pains et de quelques poissons, fait en sorte que la multiplication des pains et des poissons soit la nourriture de la multitude dans le partage et qu’il en reste encore pour ceux qui viendraient à se présenter.

Foi, Espérance et Charité, les trois vertus théologales réunies en un seul être.  Un modèle dont tout Franc-Maçon peut s’inspirer afin de se comporter en « homme libre et de bonne mœurs », en Homme digne de ce nom, …  et  en Chevalier.

Saint André, dont les Loges des Grades supérieurs à ceux dits de Saint Jean portent son nom, est également un personnage que l’on qualifierait aujourd’hui d’intervenant en terme d’ouverture et de dialogue. Il tient le rôle d’intermédiaire, d’intercesseur. Il met les hommes en relation entre eux, il jette une passerelle entre les hommes distants et éloignés les uns des autres, et trace la voie de la communication. En effet, c’est encore lui qui, d’après Jean l’Évangéliste, présente son frère Simon (Pierre) au Christ.  De la même manière, c’est André qui conduit ce jeune homme, dont nous avons parlé plus haut avec pour toute richesse quelques pains et quelques poissons, qu’il remet à Jésus afin qu’il les multiplie. Un « public relations » avant l’heure, en quelque sorte, mais d’abord et avant tout un être attentif aux autres, à leur détresse, à leurs espérances ; un homme qui comprend, ne juge pas mais aide dans la réserve et dans le respect de sa conscience.

André se tient à l’écart de la société d’alors dans une grand effacement et fait montre d’une certaine humilité, selon les évangélistes qui ne le placent pas en tête de colonne comme son frère Simon-Pierre.

André ne cherche pas à se hisser en évidence mais il sert, dans la discrétion et le silence. L’apôtre vivra sa mort à partir d’un symbole fort : une croix en forme de X.  Superposée à la rose des vents, chaque extrémité de la croix nous désigne des directions auxquelles nous ne sommes pas forcément accoutumés dans notre quotidien, et dont nous prenons conscience dans le Temple.  Nous connaissons l’Orient, le Midi, l’Occident et le Septentrion.  Et voici que nous découvrons qu’il existe quatre orientations complémentaires : Nord-Est, Nord-Ouest, Sud-Est et Sud-Ouest… et d’autres encore : NNE, NNO, SSE, … une infinité d’expositions, de lieux à pénétrer, d’hommes à rencontrer, de rivages à explorer. Dans cette approche symbolique, nous repoussons nos limites en terrain inconnu.  Nous nous rendons compte que ce que nous prenions pour espace clos et bien délimité, et que nous pensions bien connaître, est en fait un espace sans borne, un univers en perpétuelle expansion. Nous découvrons alors l’étendue de notre méconnaissance et nous réalisons que tout ce que nous pensions savoir n’est rien en comparaison de tout ce que nous ne savons pas encore… Quel exemple d’humilité, n’est-ce pas ?

Enfin, un de ses hagiographes, Jacques de Voragine, nous enseigne que, suivant la Tradition, André fut supplicié par crucifixion sur cette croix en X, mais qu’il survécut au moins deux jours à son supplice, continuant à enseigner et à prêcher, à la grande stupeur de son auditoire, qui demanda à son tortionnaire de le libérer.  Mais il semble qu’il eut été impossible de le descendre de sa croix et qu’il rendit l’âme  »dans une grande Lumière ».

Que de mystères, que de messages, dans cette fin tragique où André fait figure de martyr.  Voici un homme attaché à une croix (selon des procédés que nous ignorons mais que la cruauté des hommes nous laisse imaginer) qui surmonte les douleurs de la chair pour continuer à délivrer un ardent appel à l’amour universel, de pardon, de solidarité et de bienveillance… Et rien ne semble possible pour le faire taire, pour anéantir ce messager, pour l’empêcher de propager son discours d’amour. Ceux qui l’entendent et ceux qui l’ont mis au supplice se sont-ils interrogés sur leur acte et ont-ils envisagé de réparer ou de soulager l’agonie infligée à André, qui donnera son dernier soupir dans la Lumière. Quel beau sujet de méditation pour le Chevalier. Lorsqu’il parvient au bout de son cheminement, l’homme passe par la Lumière, vers une autre dimension, vers un pays que seul l’Initié peut découvrir et peut embrasser, avec humilité et, on s’en doute, sans une certaine appréhension, tandis qu’André progresse vers sa destinée avec confiance et sérénité.

André ne mériterait t’il pas d’être un archétype du Maçon Écossais Primitif ? 

En quelque sorte une personnalité singulière et hors norme. Interrogation à ne pas prendre de façon littérale ou dogmatique (à l’instar de « l’imitation de Jésus-Christ »), mais bien en conscience, en ne prenant rien pour définitivement acquis mais au contraire en remettant sans cesse en doute ce que l’on prenait la veille pour certitude. Comme Cyrano, on pourrait invoquer « ma foi, bien d’autres choses en somme ». Mais l’écriture d’une réflexion même partielle n’est point de mise ici, puisque personnelle à chacun de nous, et nous avons à respecter la réserve qu’il convient pour laisser (sans délaisser, voire accompagner) le cherchant dans l’étude du Rituel et de ses instructions, dont il tirera un enseignement progressif tout au long des Tenues, des Travaux rédactionnels, et des échanges avec ses pairs et les Chevaliers qui l’entourent.

Nous arrêterons donc ces quelques lignes, qui sortent volontairement du contexte rituelique pour ne pas apporter d’appréciation ou d’interprétation sur son contenu. Bien conscients de n’avoir rien affirmé ou presque, nous nous sommes limités à seulement exprimer un message, celui de trouver une signification aux actions de ce personnage hors du commun, esstiellement à partir de tous les enseignements que nous pouvons tirer des symboles qui parsèment son cheminement. Considérant par ailleurs que chez cet homme d’une dimension exceptionnelle, la Tradition populaire a pris comme attribut Saint André en tant que patron de plusieurs pays, nous nous devions de rappeler que l’Ecosse a immortalisé le martyr d’André sur son drapeau par la croix en X (blanche) et la Lumière (dans un ciel d’un bleu lumineux).

Les Rituels se conçoivent telle une mine inépuisable de symboles historiques et spirituels. Servant de guide, ils apportent de nombreux éclairages et des sources de réflexion profondes et enrichissantes.

J’ai dit.

(Travail déposé sur le site en mars 2014)

1 réponse à “Saint André, archétype du Maçon ?”

  1. Avatar de Michel
    Michel

    Foi, Espérance, Charité…. donnent la vraie lumière.

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